Il y a la crise de la COVID-19, oui, mais aussi la crise environnementale, cette relation amour-haine entre l’humanité et la planète sur laquelle elle prospère. Et pour ne pas oublier l’existence de ces problèmes graves qui nous menacent toujours, mais aussi pour étayer les impacts mutuels entre notre civilisation et notre monde, le Musée des Beaux-Arts de Montréal (MBAM) présente Écologies, une exposition qui sert à la fois de manifeste et de vitrine des beautés qui nous entourent.
Lundi, journée de la visite de presse, des groupes de travailleurs traversent une partie de la zone d’exposition, parfois en transportant des caisses de matériel ou des outils. Ailleurs, on entend le bruit de l’aménagement d’autres expositions, ou simplement des travaux d’entretien. Et l’ensemble de la chose est – à la fois ironiquement et tristement – représentatif de notre relation contemporaine avec la nature: au milieu, la beauté. Tout autour, le bruit et la transformation.
Qu’à cela ne tienne, Écologies est, de par sa nature même, une exposition hybride, éclatée, et certainement audacieuse. D’abord parce qu’Iris Amizlev, conservatrice des arts interculturels au MBAM et commissaire de l’exposition, était plus qu’enthousiasmée par son sujet, prenant bien le temps d’échanger avec ce journaliste sur les questions environnementales, de discuter des méthodes de chaque artiste. Mais aussi parce que ce happening visuel – et en partie vidéo – donne l’occasion au musée de ressortir des oeuvres qui sont rarement présentées au public. D’autres n’ont carrément jamais quitté les voûtes depuis leur arrivée à l’institution sise rue Sherbrooke. Tant mieux, donc, si cette place à la réflexion environnementale donne l’occasion de les faire découvrir au commun des mortels.
Ensuite, Écologies rappelle une grande vérité: il est illusoire de penser que seuls les Occidentaux ont le monopole de la sagesse en ce qui concerne la protection de la nature, quand il ne s’agit pas de plutôt l’adapter (et de nous adapter) pour tenir compte des réalités contemporaines.
Ici, donc, l’art occidental se mêle aux créations autochtones, comme pour rappeler que les Premières Nations sont aux premières loges pour constater l’impact de la « civilisation » sur leurs milieux de vie, mais que leur rapport particulier avec la nature et les animaux que l’on y trouve peut offrir des pistes de solution contre la catastrophe qui gagne constamment du terrain.
Entre les toiles, les photographies, les montages, les collages, les sculptures et une magnifique oeuvre vidéo tournée sur un glacier éventuellement menacé par les changements climatiques, Écologies rappelle non seulement qu’il y a toujours plus qu’urgence d’agir contre cette menace à notre existence même, mais que l’art peut, lui aussi, faire réfléchir et mobiliser. Et qu’il y a encore des raisons de s’accrocher, ne serait-ce que pour préserver toute la beauté de notre monde, oeuvres d’art comprises.
Écologies, jusqu’au 27 février 2022.