Trois histoires difficiles qui s’entrecoupent. Une distribution plus que solide. Et une intrigue qui se déroule largement à Montréal. Que demander de plus, dans le film Crisis?
Aurait-on déjà espéré voir Gary Oldman et Guy Nadon jouer dans le même film? Le long-métrage réalisé et scénarisé par Nicholas Jarecki est ainsi rempli de surprise. Comme le fait d’y voir aussi Michelle Rodriguez, Greg Kinnear, Evangeline Lilly et Armie Hammer.
Ce dernier interprète d’ailleurs notre personnage principal, Jake Kelly, qui est un agent de la DEA, l’agence antidrogues américaine, et qui travaille depuis un certain temps à tenter de faire tomber non seulement un groupe de criminels arméniens qui vendent de la drogue, mais aussi des Canadiens, qui la transforme. Le voilà donc poussé à passer régulièrement la frontière canado-américaine et se rendre à Montréal pour y traiter notamment avec Mother, un chef de gang joué avec brio par Guy Nadon.
Pendant ce temps, Gary Oldman, professeur d’université dont le financement dépend notamment de l’argent fourni par des géants de l’industrie pharmaceutique afin de corroborer des recherches sur des médicaments, constate que le nouveau produit supposément miraculeux serait en fait bien plus « addictif » que l’oxycodone, qui fait déjà des ravages dans la population.
Et en troisième partie de cette histoire dramatique, on trouve Evangeline Lilly, mère de famille toxicomane qui découvre que son fils a été lié, sans le vouloir, à du trafic de drogue. La voilà donc qui tente de remonter le fil des événements et de coincer les gens responsables de la mort de son enfant.
Tout ce beau monde se percute et se télescope dans un scénario où il est à la fois question de la cupidité des compagnies pharmaceutiques et des universités privées de fonds, mais aussi de l’aveuglement des autorités, qui passent par-dessus des détails importants lorsqu’il est question de démanteler des réseaux de trafiquants.
Avec un tel programme, on pourrait espérer que Crisis soit un exemple en matière de revirements de situation et de complications dramatiques. Hélas, multiplier les avenues scénaristiques vient aussi accroître les risques de laisser partiellement le spectateur en plan, et c’est exactement ce qui se produit, ici. Passons sous silence ce plan hilarant où l’on nous indique que l’action se déroule à Detroit, au Michigan, alors qu’il s’agit d’un plan aérien de Montréal, mais aucun des embranchements du scénario n’aboutit vraiment, dans Crisis.
On a ainsi bien entendu droit à des développements, parfois particulièrement conséquents, mais au moins deux des trois principaux arcs narratifs n’a pas vraiment de fin, au grand déplaisir des cinéphiles. On s’attendait pourtant à ce que l’on trouve une façon de clore tout cela en beauté, ou du moins, d’offrir une chute relativement claire. C’est bien dommage, puisque toute la tension accumulée au long du film disparaît dans les limbes du long-métrage.