Le confinement presque mondial avait provoqué, au printemps 2020, une baisse significative des émissions de gaz à effet de serre. Plusieurs se doutaient que ça ne durerait pas indéfiniment, et il s’avère que c’est déjà fini: les émissions de décembre 2020 ont légèrement dépassé celles de décembre 2019.
Selon les dernières données publiées le 2 mars par l’Agence internationale de l’énergie, le « rebond » était en fait déjà visible cet automne: l’écart par rapport aux données de l’année précédente, qui avait atteint un sommet de 14,5% en avril, était retombé à 4% en août, et s’amenuisait depuis.
Autrement dit, les émissions de gaz à effet de serre mondiales étaient, en avril 2020, 14,5% inférieures à ce qu’elles avaient été en avril 2019. Elles étaient inférieures d’environ 6% au cours de l’été, puis de 4% en août, et de seulement 2% en novembre. En décembre 2020, elles ont finalement dépassé décembre 2019 de 2%.
Le bilan général de 2020 affichera néanmoins une baisse des GES, comme cela avait été prévu le printemps dernier. Selon le Global Carbon Project, cette baisse sera de 4,9% (un chiffre qui pourrait encore être révisé). Les regards se portent à présent sur 2021, avec plusieurs pays dont l’économie roule encore au ralenti.
On doit une partie du rattrapage de l’été dernier à la Chine: c’est la seule grande puissance chez qui les émissions de GES de 2020 ont augmenté — plus précisément, de 0,8% par rapport à 2020, ou 75 millions de tonnes de dioxyde de carbone. Mais les autres grandes puissances ne sont pas en reste: certaines, comme le Brésil, ont affiché pendant les derniers mois de l’année des niveaux d’émissions supérieurs aux mêmes mois de 2019.
Tous ces chiffres rappellent combien la marche est haute pour surmonter la crise climatique: selon une recherche sur les émissions de CO2 « dans l’ère post-COVID » parue le 3 mars, il faudrait l’équivalent de la baisse réalisée grâce au confinement, tous les deux ans pendant la prochaine décennie, pour nous garder sous la limite des deux degrés d’augmentation de la température planétaire.
La bonne nouvelle, notent ces chercheurs de cinq pays dirigés par Corinne Le Quéré, de l’Université East Anglia (Angleterre), c’est qu’avant la COVID, plusieurs pays riches avaient commencé à réduire leurs émissions, ou bien le taux d’augmentation de leurs émissions. Mais loin du niveau qu’il serait nécessaire d’atteindre. Les investissements qui seront nécessaires pour une reprise économique pourraient être une opportunité pour créer des infrastructures plus vertes. Mais une évaluation sommaire des plans gouvernementaux déjà connus le mois dernier concluait qu’à ce moment, seulement 12% des dépenses allaient à « des projets à faible teneur en carbone ».