Les deuxième et troisième partis d’opposition à l’Assemblée nationale tirent à boulets rouges sur le gouvernement Legault, après le reportage de l’émission Enquête, à Radio-Canada, selon lequel le ministère des Forêts du Québec pourrait être influencé par l’industrie forestière, ce qui coûterait notamment des millions de dollars de redevances forestières à l’État. Autant le Parti québécois (PQ) que Québec solidaire (QS) appellent la Coalition avenir Québec (CAQ) à corriger rapidement le tir.
Dans une série de communiqués, le PQ et QS réclament tous deux des actions immédiates pour faire la lumière sur cette affaire. Chez QS, d’abord, on exige une enquête publique. La députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue Émilise Lessard-Therrien estime ainsi que « les lanceurs d’alertes (qui se sont confiés à Enquête) confirment ce qu’on dénonce depuis des mois: le ministère des Forêts est à la solde de l’industrie forestière ».
Selon elle, « la complaisance du gouvernement appauvrit la population et menace la biodiversité. Pire encore, la CAQ aurait fermé les yeux sur ces pratiques douteuses pour s’acheter des votes ». « François Legault n’a pas le choix: il doit déclencher une enquête publique sur la gestion du ministère des Forêts », ajoute-t-elle.
Chez le PQ, on affirme que les révélations de Radio-Canada pourraient entraîner des représailles de la part des États-Unis, « qui pourraient se servir de cette situation pour justifier leurs taxes sur le bois d’oeuvre québécois ». Le député de Bonaventure, Sylvain Roy, demande également au ministère des Forêts de « retrouver une expertise interne et une cohérence nécessaires à la prospérité et à la pérennité de l’industrie forestière québécoise ».
» Ce qu’on a appris hier est très inquiétant : le ministère des Forêts ne sait pas ce qui se passe sur son propre territoire, territoire qui appartient – faut-il le rappeler – à tous les Québécois. Les Américains, qui regardent ça, pourraient être tentés d’utiliser ce laxisme pour attaquer de nouveau l’économie forestière du Québec », a ainsi déclaré M. Roy, lui aussi par voie de communiqué.
Le député péquiste juge par ailleurs que le gouvernement Legault n’a pas donné suite à sa promesse de réformer le régime forestier.
De son côté, le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec évoque carrément que « la négation de l’expertise d’État mène au chaos », et que le gouvernement « fait la sourde oreille aux avis et recommandations de ses propres experts ».
« En voulant délibérément faire primer les intérêts de l’industrie forestière sur ceux des ressources publiques et des contribuables, le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, sert une double gifle : d’une part, il bafoue le principe d’autonomie professionnelle et la liberté d’expression de ses propres gardiens de l’intégrité, de l’objectivité et de l’impartialité des décisions gouvernementales, d’autre part, il sacrifie une partie importante des ressources publiques à l’industrie forestière dans le plus total mépris de son rôle qui consiste à assurer une gestion durable des forêts », exprime Line Lamarre, présidente du SPGQ, qui juge la situation « scandaleuse et honteuse ».
La forêt est bien gérée, disent des économistes
Le ton est tout autre du côté de l’Institut économique de Montréal, dont le directeur des opérations Miguel Ouellette dénonce « les interventions médiatiques propageant le mythe d’une exploitation irresponsable de la forêt québécoise ».
Selon M. Ouellette, « la forêt québécoise se renouvelle plus rapidement qu’elle est exploitée », et que « chaque année, c’est moins de 1% du bois de la forêt publique qui est récolté ».
Le directeur des opérations de l’Institut assure, par ailleurs, que « l’industrie forestière québécoise est hautement réglementée et se conforme à des standards très rigoureux », sans toutefois faire mention des révélations d’Enquête sur la possible mainmise de l’industrie sur le ministère.
Abonnez-vous à l’infolettre!
Quand le Sénat américain ressemble… à la présidentielle américaine