Il y a 11 mois, le message au public était « il faut aplatir la courbe ». Aujourd’hui, alors que le danger réside dans l’apparition de variants du virus susceptibles de prendre la vaccination de vitesse, le message semble devoir être « il faut acheter du temps ».
Le premier message était — et est toujours — associé à une crainte, celle d’un débordement des hôpitaux si on ne réduit pas la courbe des infections. Le second message est associé à un espoir, celui que cette pandémie approche de sa fin —moyennant un dernier effort. Or, dans une analyse déposée le 9 février sur le serveur de prépublication PsyArXiv, huit chercheurs danois en science politique et en statistiques ne se contentent pas de proposer de privilégier le message optimiste, ils proposent une façon de calculer les valeurs respectives de chaque message.
Ils ont conçu différents graphiques et les ont soumis à un peu plus de 3000 adultes aux États-Unis. L’un est celui que l’on connaît déjà, qui montre une courbe à aplatir — ou plus exactement des courbes, avec ou sans nouvelles mesures restrictives et avec ou sans un nouveau variant du virus.
Un second graphique illustre aussi l’évolution de la pandémie avec ou sans variant mais cette fois, jusqu’à ce qu’une partie suffisante de la population ait été vaccinée (la ligne pointillée, à droite). Dans les deux cas, le système de santé est submergé, mais dans le scénario « espoir », il y a une ligne d’arrivée.
eur conclusion: le deuxième graphique (« acheter du temps ») serait associé, chez leur public, à un appui plus grand à des mesures de confinement plus sévères.
Il s’agit d’une recherche qui n’a pas été révisée par les pairs; elle sera de plus difficile à reproduire, l’évolution de l’actualité rendant difficile de trouver des « cobayes » qui ont aujourd’hui le même niveau de connaissances sur les variants qu’il y a un ou deux mois. Mais les auteurs y ajoutent un avertissement: un sondage mené dans 8 pays en janvier révèle que, si 83% des 500 répondants avaient entendu parler des nouveaux variants, 65% disaient en être inquiets, et seulement 58% rapportaient être plus prudents.