Le Festival TransAmériques (FTA), la grand-messe québécoise de la danse et du théâtre, fait peau neuve: à sa tête, désormais, deux femmes, Martine Dennewald et Jessie Mill, qui seront responsables de la direction artistique de l’événement dès 2022. Rencontre.
Dans l’annonce de ce grand changement – et du départ de l’actuel directeur artistique, Martin Faucher, après l’édition 2021 en cours de préparation –, on nous spécifie que les deux femmes « interrogent la place du Québec dans ses relations avec le monde, souhaitant notamment réengager une conversation avec les communautés artistiques des trois Amériques, de l’Alaska à la Terre de feu, en passant par l’Amazonie ».
« Il y a bien entendu eu un appel à candidatures pour ce poste », mentionne d’entrée de jeu Mme Dennewald, au bout du fil. « Et quand celui-ci est sorti, Jessie et moi, qui nous connaissons depuis 17 ans, nous avions déjà eu l’idée de postuler quelque part ensemble. En fait, on avait commencé à discuter d’une autre candidature qui n’a jamais eu lieu. Et donc, nous avions déjà amorcé un dialogue à deux, et avions commencé à construire une vision pour un festival international. »
De son côté, Mme Mill précise que le désir de sa collègue et d’elle-même de remplacer M. Faucher ne découle pas du fait « qu’il manque quelque chose au festival ».
« C’est un festival qu’on aime toutes les deux beaucoup. C’est plutôt une question de perspective et de définition de ce que peut être un festival, aujourd’hui. Martine et moi appartenons à une autre génération, c’est vrai, mais nous circulons aussi à travers d’autres territoires, à travers d’autres réseaux de collègues. Dans nos voyages et dans nos échanges, nous voyons qu’il est possible de faire un festival de plusieurs manières différentes. » Des manières qui, de l’avis de Mme Mill, « viennent déplacer un peu ce que font de grands festivals ».
« On interroge un peu tout ça. À la fois les territoires visités et mis en valeur, la manière dont on peut construire une relation, au fil du temps, avec des artistes et une communauté artistique, mais aussi une communauté plus large. On interroge ce que veut dire faire un festival en 2021 et en 2022, après que la pandémie nous a rappelé des choses que nous savions déjà, mais qui était moins flagrantes, notamment que les artistes vivent dans une précarité extrême », poursuit Mme Mill.
« Qu’est-ce qu’un festival peut faire différemment pour honorer ces territoires, honorer ces ressources? », se demande-t-elle.
Et si le public a vraisemblablement bien hâte de retrouver les salles obscures pour non seulement consommer de la culture, mais aussi vivre quelque chose de plus concret, sans doute, que le simple fait d’attendre chez soi et de faire la file pour acheter des objets et de la nourriture, les créateurs, eux, ont-ils envie de relancer la « machine », après un an passé à craindre le pire?
« Il y a un désir énorme, de la part des artistes, de réinvestir les plateaux, les salles de théâtre et de danse », soutient Mme Dennewald.
« Mais après, comme notre approche est centrée sur l’écoute de l’artiste, des communautés. Il faut voir exactement dans quel état seront les artistes, les compagnies, etc. dans six mois. »
Le FTA poursuit donc sa transformation. Et s’adaptera, bien entendu, aux conséquences encore inconnues de cette pandémie qui n’en finit plus de finir.
Abonnez-vous à l’infolettre!
Au coeur de Cité Mémoire, quand Montréal devient musée à ciel ouvert