Les choses se présentent mal sur le front des variants du virus. La version « britannique » pourrait devenir dominante aux États-Unis dès le mois de mars, selon la première estimation de la vitesse à laquelle celle-ci se propage. Et les essais d’un des vaccins ont été temporairement suspendus en raison de craintes sur son efficacité face au variant sud-africain.
D’emblée, il s’agit de données qui n’ont pas encore été révisées par les pairs. Mais dans le cas des États-Unis, l’étude déposée dimanche sur le serveur de prépublication MedRxiv vient confirmer une estimation —le mois de mars — qui avait déjà été faite le mois dernier par le Centre de contrôle des maladies (CDC).
Selon la cinquantaine de chercheurs qui signent cet article, la prévalence du variant en question, B.1.1.7, doublerait tous les 9 jours sur le territoire américain. Même s’il n’est pas plus mortel que « l’ancienne » version du virus, il est 30 à 40% plus contagieux, et un virus qui atteint un plus grand nombre de gens fait inévitablement, tôt ou tard, plus de décès.
L’estimation s’appuie sur la réanalyse d’un demi-million de tests de dépistage et le séquençage de 212 génomes différents de ce variant. Elle est nécessairement limitée par le temps écoulé — le variant n’a été découvert en Grande-Bretagne que le 20 décembre — et par le trop petit nombre de tests de dépistage menés aux États-Unis pour détecter ce variant. Mais le fait que sa « trajectoire » semble confirmer les scénarios pessimistes du mois dernier, et soit en phase avec ce qu’on observe dans les pays qui, eux, font davantage de tests, constitue un signal d’alarme de plus. « Rien dans cet article n’est surprenant, mais les gens ont besoin de le voir », déclare au New York Times un des co-auteurs, le virologue Kristian Andersen.
Le variant a d’ores et déjà été associé à des croissances du nombre de cas en Irlande et au Portugal.
L’autre mauvaise nouvelle de la fin de semaine est venue de l’autre variant, dit « sud-africain » (ou B.1.351). Les autorités de ce pays ont temporairement interrompu dimanche les tests du vaccin AstraZeneca-Oxford, parce qu’il semble ne pas protéger les participants des cas légers ou modérés de COVID-19, lorsqu’ils sont infectés par le variant sud-africain.
Les chiffres sont encore trop maigres pour affirmer s’il protège des cas graves. En fait, tous les chiffres provenant de cet essai clinique mené sur 1765 personnes sont pour l’instant trop maigres, et les virologues reconnaissent qu’il pourrait s’agir d’une fausse alerte. Mais parce que ce vaccin est moins coûteux que ceux de Pfizer et de Moderna, il pourrait être une partie essentielle de la campagne de vaccination des 12 prochains mois. C’est la raison pour laquelle cet arrêt temporaire en Afrique du Sud a eu des échos à travers le monde.
Déjà, Pfizer et Moderna avaient indiqué, sur la base d’analyses de laboratoire préliminaires, que leurs vaccins, bien qu’efficaces contre le variant sud-africain, l’étaient moins que face à la version originale. Novavax, dont le vaccin n’est pas encore approuvé, a elle aussi fait état de la possibilité d’une efficacité moindre avec le variant sud-africain. En clair, cela veut dire que le vaccin protégerait tout de même une certaine proportion des porteurs de ce variant, peut-être même plus de la moitié, mais moins que dans le scénario original où on espérait un taux d’efficacité approchant les 90% — ce qui laisserait donc un plus grand nombre de gens contaminés et capables de transmettre le virus.
Aux États-Unis, en date du 7 février, c’était la Floride qui menait le bal du plus grand nombre de cas du variant britannique détectés dans ce pays, avec 201. Cet État a de plus maintenu une politique laxiste du port du masque et du confinement, en plus d’être un carrefour de vols internationaux.
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Les nouveaux variants de la COVID-19 pourraient bien être plus mortels