La pandémie, on l’a certainement déjà dit, aura permis de découvrir de petites perles du cinéma, surtout en l’absence des gros noms, dont la sortie a été retardée a de multiples reprises, les studios souhaitant réaliser un coup d’argent, ce qui est fort peu possible si les cinémas demeurent fermés. Voilà donc Below Zero, un thriller policier espagnol à peine débarqué sur Netflix, et qui, semble-t-il, rencontre un franc succès.
Titré Bajocero dans sa version originale, ce qui veut littéralement dire « sous zéro », en français, le film raconte l’histoire de Martin, bon père de famille et policier toujours à cheval sur les règles, qui prend ses fonctions dans un nouveau commissariat.
Sa première mission, pour sa toute première journée, consiste à réaliser un transfert de prisonniers, y compris un matamore tout en muscles et résolument mal commode qui est persuadé que ses amis tenteront de le faire libérer. Pendant ce temps, une figure mystérieuse poursuit, puis assassine un jeune homme, à qui il arrache quelques secrets avant de l’enterrer vivant. Ces deux voies scénaristiques vont bien entendu converger, le tout sur une route de montagne sinueuse où la neige et le brouillard vont s’abattre, histoire de créer une atmosphère étrange et dangereuse.
Huis clos se déroulant en bonne partie dans le fourgon cellulaire dans lequel se trouvent Martin, son collègue, ainsi qu’une poignée de prisonniers, Bajocero repose largement sur deux piliers scénaristiques. Le premier concerne l’identité de l’assaillant redoutable qui rôde à l’extérieur. Qui est-il? Que veut-il? Qu’est-ce qui motive cette vague d’assassinat et de gestes violents?
Le second est à propos de l’immuabilité des valeurs et convictions de Martin. S’il est véritablement un policier modèle, pourquoi a-t-il été transféré dans un autre commissariat? Et confronté à une situation plus qu’extrême, verra-t-il ses notions de bien et de mal s’effriter pour faciliter sa simple survie?
Toutes ces considérations sont bien ficelées dans un film intime, mais pas trop, et avec suffisamment de revirements de situation pour que le spectateur soit surpris au moins une fois ou deux, ce qui n’est jamais une mauvaise chose lorsque l’on cherche à se divertir.
Bajocero est-il un grand film? Probablement pas. Les thèmes de la loyauté morale, de la vengeance et de « l’hommerie » ont déjà tous été abordés, d’une façon ou d’une autre, dans quantité de films. Mais il faut donner à César ce qui lui revient: le réalisateur Lluis Quilez sait ce qu’il fait, et il le fait bien.
À voir, donc.