Une comète va frapper la Terre, détruisant au passage la civilisation humaine et environ les trois quarts des espèces vivantes. Et à travers ce chaos, Gerard Butler tente de sauver son mariage. Bienvenue dans Greenland.
Gerard Butler, donc, dont la performance la plus mémorable demeure encore 300, de Zack Snyder, sorti en 2006 – ce qui en dit probablement long sur la carrière de M. Butler, malheureusement pour lui –, joue ici le patron d’une firme de construction de gratte-ciels qui tente de recoller les morceaux d’un mariage qui bat de l’aile. Histoire, notamment, de s’assurer que son fils puisse vivre ses jeunes années sans trop de tristesse.
Pendant ce temps, une comète découverte à peine deux semaines auparavant devait frôler notre planète; ses fragments vont plutôt s’écraser un peu partout sur le globe, détruisant villes et villages, avant que le coeur du monstre, un astéroïde de 9 kilomètres de diamètre, ne nous percute à son tour, éliminant toute trace de notre société, à l’exception de quelques poches de survivants.
Greenland est donc le récit de Butler et de sa famille (son épouse est jouée par Morena Baccarin, assez bien utilisée, ici) qui tentent d’aller se réfugier au Groenland, où l’armée américaine a réactivé de vieux bunkers antiatomiques pour y loger ceux dont le gouvernement américain devrait avoir besoin pour reconstruire, une fois la catastrophe passée.
Il est quand même intéressant, si peu de temps après avoir revu Children of Men, d’Alfonso Cuaron, à quel point la construction d’un univers cinématographique fait toute la différence lorsqu’il est question de raconter la fin d’un monde… ou simplement raconter une histoire, en fait. Bien entendu, les circonstances sont différences, mais si le spectateur découvrait avec une fascination quasi morbide un Royaume-Uni dévasté par un État totalitaire et la lente disparition d’une société en raison de la fin des naissances, notamment, Greenland nous fait découvrir… une banlieue américaine typique. Et des autoroutes. Beaucoup d’autoroutes.
Les personnages sont par ailleurs peu ou pas développés, à l’exception de quelques grenailles scénaristiques, ici et là, pour nous indiquer que le mariage du couple va mal, et que le père de l’épouse a perdu sa femme, il y a quelques années. Et encore, nous obtenons cette information quelques minutes seulement après avoir rencontré ce nouveau personnage, et quelques minutes seulement avant de l’éjecter du film, celui-ci refusant de suivre sa fille et son gendre vers le Groenland.
L’idée d’une catastrophe planétaire si massive qu’elle en provoque littéralement la fin de la civilisation n’est pas mauvaise. Un peu triste, en temps de pandémie, mais on pourrait toujours arguer que cela change le « mal » de place. Faisons aussi abstraction des explications scientifiques qui, à l’exception de l’impact destructeur lui-même, n’ont littéralement aucun sens (une comète ne serait pas « seulement » détectée quelques semaines avant de frapper la Terre… ce sont des boules de roche et de gaz qui laissent une gigantesque traînée derrière elles; difficile de les manquer). Que reste-t-il? Eh bien, il reste un film suffisamment divertissant pour nous faire oublier l’ennui généralisé qui plombe l’existence ordinaire.
Cela vaut mieux que de devoir lutter contre la COVID-19, ou de risquer de perdre son emploi en raison de la pandémie, certes. Mais en sommes-nous vraiment rendus à ce point?