Le déclin des populations d’insectes pourrait atteindre jusqu’à 1 ou 2% par année, selon une série de 11 études qui ont tenté d’évaluer l’ampleur du problème à l’échelle de la planète — et qui, en même temps, soulignent la difficulté à faire ces calculs.
Si la disparition d’espèces de mammifères ou d’oiseaux est assez bien documentée, la disparition des insectes, elle, reste entourée d’incertitudes. Ils ne sont pas seulement difficiles à comptabiliser, les causes sont multiples et peuvent entraîner des interprétations divergentes d’une région à l’autre: insecticides dans un endroit, espèces invasives dans un autre, urbanisation qui grignote des terres agricoles, changements climatiques et même, pollution lumineuse…
S’ajoute à cela le fait que peu de gens aiment les insectes, ce qui rend une mobilisation populaire plus difficile qu’avec un animal charismatique.
Il n’en demeure pas moins que certaines populations d’insectes diminuent à un rythme « préoccupant », selon l’expression employée dans le texte d’introduction à ces 11 études, parues le 12 janvier dans la revue PNAS.
Ces études n’apportent pas de nouvelles données. L’édition spéciale de la revue scientifique américaine pointe par exemple vers des études régionales déjà existantes, qui tendent à conclure que le rythme moyen de déclin des insectes — il y a des exceptions— pourrait être similaire au rythme de déclin du reste du règne animal. Il existe par ailleurs une espèce dont les déboires ont été passablement étudiés ces dernières années —l’abeille— mais beaucoup d’autres pour lesquelles on ne dispose pas de grand-chose. En fait, alors que les entomologistes recensent 1 million d’espèces d’insectes, il en existe peut-être 4 millions d’autres qui n’ont jamais été cataloguées.
L’objectif de ces 11 études est donc aussi de pointer ces trous dans nos connaissances, dans l’espoir de stimuler de futures recherches. Sachant, de plus, à quel point l’équilibre de certains écosystèmes repose sur ces petites bêtes, il y a un sentiment d’urgence: leur disparition peut avoir « des conséquences écologiques et économiques » désastreuses, écrivent les auteurs dans leur introduction.