Que s’est-il passé, dans Promesa? La version de démonstration de ce jeu indépendant développé par Julian Palacios Gecthman était intrigante, et voilà que la version complète, lancée récemment, vient multiplier les questions sans réponse.
Dans une ville vidée de ses habitants, mais pas nécessairement de ses bruits, un homme marche. À travers ses souvenirs, mais aussi probablement à travers des univers inventés, il erre. En quête de quoi? Nul ne le sait. Ce que l’on sait, toutefois, c’est que tout semble tourner autour d’un appartement. Un petit logement accessible par une cour intérieure, installé à l’étage, et auquel on accède en grimpant un escalier. Un appartement avec un petit chauffe-eau dans la cuisine; un ordinateur des années 1990 dans la chambre. Ou est-ce plutôt un bureau? Et des photos, bien sûr, qui sont collées un peu partout.
Cet appartement est à l’image des souvenirs du protagoniste: mal rangé, parfois plongé dans l’ombre, et sans quoi que ce soit qui permette d’identifier des individus précis ou des circonstances spécifiques. D’ailleurs, où sommes-nous? Dans un pays latin, certainement, en raison de l’architecture, mais aussi des inscriptions sur les enseignes. Malgré tout, impossible de savoir s’il s’agit de l’Espagne, du Portugal, de l’Italie, ou encore d’un pays d’Amérique du Sud. Mais est-ce bien nécessaire, de toute façon?
Comme l’indique le développeur, Promesa raconte la relation avec un grand-père, grand-père que l’on imagine décédé depuis plusieurs années. De là, il est facile de penser que cet appartement donnant sur la cour intérieure est celui de cet aïeul disparu. La dernière scène, avec ce logement maintenant vidé des objets qui en faisaient un endroit particulier, correspondrait à cette perte.
Toujours avec un style visuel mariant de façon franchement intéressante l’architecture contemporaine et ce qui tient pratiquement du pixel art, le jeu, avec ses 45 minutes d’exploration, soit le double de ce qui était offert dans la version de démonstration, donne maintenant davantage dans l’environnement « réel », bien concret, plutôt que dans un imaginaire que l’on imagine remonter à l’époque du grand-père, justement, avec un village rassemblant des maisons éparses sur une colline, plutôt que les grands immeubles à logements dans une ville entassée.
Soulignons, aussi, les intéressantes subtilités de la conception du titre, notamment ce point de vue plus près du sol, dans certaines scènes, pour certainement évoquer un âge moins avancé, où l’on regardait le monde en visant le ciel, la tête penchée en arrière.
Sans être véritablement un jeu, ni tout à fait un walking simulator, Promesa est davantage un projet artistique, une réflexion sur la mémoire, les souvenirs et la façon dont ceux-ci se télescopent dans notre tête. Objet d’art, si l’on veut, le titre plaira aux amateurs de contemplation et de réflexion sur les jours qui s’enfuient, petit à petit.
Promesa
Développeur et éditeur: Julian Palacios Gechtman
Plateforme: Windows (Steam)
Jeu non disponible en français