Annoncée comme la quatrième et ultime saison de la populaire et encensée télésérie Faits divers, c’est dans un contexte singulier et fichtrement actuel qu’elle se dévoile à nous, du moins si l’on se fie aux trois premiers épisodes offerts aux médias. Un dernier tour de piste qui jouit encore des mots de Joanne Arseneau et du regard de Stéphane Lapointe.
On ne change pas une recette gagnante et c’est ce que l’équipe devant et derrière la caméra de Faits divers a compris. Certes, le contexte pandémique mis à part, on sent davantage que ressort la formule de l’entreprise qu’on aime souvent appeler à la blague « CSI: Mascouche » et, d’une façon, c’est un peu à cela que le tout est en train de ressembler.
Des meurtres, des communautés singulières, des personnages tordus et un engrenage. Les spectateurs habitués retrouveront avec bonheur le concept, mais aussi son humour, souvent noir, régulièrement physique, qui touche presque toujours à sa cible, à l’instar de ses savoureux dialogues pince-sans-rire. C’est que le travail du côté de la distribution continue de pousser des comédiens à se surpasser, et difficile de ne pas être de nouveau épaté par Simon Lacroix (qui renoue avec le réalisateur depuis la première saison de Lâcher prise) qui donne absolument tout ce qu’il a dans sa performance sentie et dévouée à cet intellectuel en pleine crise existentielle qu’est Albert Scott-Ducharme.
Peut-être rien pour faire oublier Éric Robidoux, l’an dernier, dans la troisième et meilleure saison, mais on parle d’une interprétation pointue et souvent à bout de nerfs qui en impose.
Pour le reste, oui, la maîtrise technique est encore très habile, il y a encore de très beaux longs plans, on nous fait encore de belles exécutions dans les mouvements de caméra (il y a même un clin d’œil à The Shining, le réalisateur Stéphane Lapointe étant un fan de cinéma d’horreur avoué, oblige), mais le scénario semble un peu moins sûr de lui ou de ce qu’il veut faire.
Bien sûr, la forme écourtée de six épisodes aide de nouveau à accélérer le rythme et à accentuer le sentiment d’urgence de l’histoire, mais ce ne sont pas toutes les avenues empruntées qui semblent intéresser cette fois toutefois. Sûrement rien pour rappeler tout ce qui s’apparentait à la mafia italienne de la décevante deuxième saison, leur incursion dans les cartels mexicains s’avérant plus convaincante et sentie, mais rien pour captiver comme les enlèvements extra-terrestres avaient sur le faire. Probablement parce qu’on a simplifié de beaucoup les chassés-croisés et que la complexité semble être moins de mise quant à départager les relations mêlant tous les personnages entre eux.
Puisque oui, comme de coutume, on essaie de lier nos personnages principaux à l’intrigue, Mascouche étant finalement comme un petit village tissé serré. Sauf que beaucoup de personnages sont relégués à la simple figuration de participation ou à un usage de type plutôt cameo qu’à une véritable implication à l’ensemble, alors qu’on tourne surtout autour des personnages de Isabelle Blais et de Patrick Hivon qui, de leur côté, semblent eux aussi avoir fait le tour de leurs propres histoires. Ainsi, le scénario semble moins complexe et l’enquête donne moins de fil à retordre aux policiers, comme aux spectateurs.
Il est vrai qu’au moment d’écrire ces lignes, il reste encore la moitié de la saison à visionner. N’empêche qu’à première vue, on a surtout voulu livrer la marchandise plutôt que de repousser ses horizons.
En même temps, d’une part il est difficile de voir si l’on parviendra à tout boucler convenablement (si cette saison s’avère effectivement la dernière) et de l’autre, on est presque en mesure de voir les sacrifices que la pandémie aurait pu avoir sur la production. De fait, l’ajout des éléments « pandémiques » (comme les événements de la saison se déroulent en août 2020) est particulièrement plaqué et un peu aléatoire, et on sent légèrement la précipitation de cette saison qui aura passé du tournage à sa phase dites finale en moins de quatre mois, un temps record encore plus abasourdissant que l’an dernier.
On préfère davantage la brillante subtilité avec laquelle on a voulu lier cette plongée dans les communautés mexicaines à un discours senti sur l’immigration et l’acceptation de l’Autre avec un « a » majuscule.
Reste quand même de la télévision de qualité et le retour d’un univers où l’on aime bien retourner se perdre et y découvrir ou redécouvrir des comédiens, comme Marie Brassard qui pourrait être de tout ce qui se fait tellement elle est fabuleuse.
On regardera ainsi avec attention les trois derniers épisodes d’une série qui s’efforce encore de bien nous divertir, à défaut de dépasser nos attentes.
L’intégralité de la quatrième saison de Faits divers fait son apparition sur l’Extra de Tou.tv ce jeudi 17 décembre. Les six épisodes seront ensuite diffusés à la télévision tous les lundis à 21 h à compter du 15 février de l’an prochain.
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