« De l’histoire révisionniste »: le géant des réseaux sociaux Facebook condamne sans nuance la mégapoursuite intentée aux États-Unis par l’arbitre des transactions financières, la Federal Trade Commission, ainsi que par 40 États.
La compagnie de Mark Zuckerberg est ainsi accusée d’avoir acheté ses rivaux pour écraser illégalement la concurrence, rapporte le New York Times. Chez Facebook, on soutient que la stratégie d’acquisition, qui a notamment fait passer le service de partage de photos Instagram et la messagerie instantanée WhatsApp dans son giron, ne découle que d’un principe d’adaptation pour répondre aux demandes des internautes.
« Nos produits sont devenus et sont demeurés populaires pour cette raison précise – nous évoluons constamment, nous innovons et nous investissons pour créer de meilleures expériences pour le public, contre des concurrents de classe mondiale comme Apple, Google, Twitter, Snap, Amazon, TikTok et Microsoft. Nous innovons et nous nous améliorons constamment parce que nous devons le faire », écrit ainsi Jennifer Newstead, vice-présidente et avocate principale de Facebook, dans un billet de blogue publié sur le site de l’entreprise.
Selon Mme Newstead, les achats d’Instagram (2012) et de WhatsApp (2014) ont été approuvés par les autorités réglementaires, à l’époque, que ce soit du côté des États-Unis ou de l’Union européenne.
« Maintenant, plusieurs années plus lard, apparemment sans respect de la loi ou des conséquences pour l’innovation et l’investissement, l’agence (la FTC) affirme que cela est erroné et veut recommencer. Ce n’est pas comme cela que les lois antitrust sont censées fonctionner », poursuit-elle.
Toujours selon le Times, l’acquisition des deux services, au cours de la dernière décennie, a contribué à ce que Facebook soit aujourd’hui évalué à plus de 800 milliards de dollars.
Selon la poursuite déposée mercredi, Facebook devrait vendre Instagram et WhatsApp, et de nouvelles restrictions devraient être imposées en vue de futurs achats.
« Pendant près d’une décennie, Facebook a utilisé sa position de domination et son pouvoir de monopole pour écraser des rivaux plus petits et faire taire la concurrence, aux dépens des utilisateurs de tous les jours », affirme la procureure générale de l’État de New York, Letitia James, une démocrate qui a mené une enquête impliquant plusieurs États sur Facebook en parallèle de celle menée par la FTC, qui est dirigée par un républicain.
Les démarches judiciaires pourraient s’étirer sur plusieurs années, et s’inscrivent dans un contexte de mouvement plus favorable à un encadrement étroit des compagnies à saveur technologique, notamment Apple, Google, Microsoft et Amazon, toutes accusées, officiellement ou non, d’avoir profité de leur position dominante pour écraser la concurrence.
De son côté, Facebook et sa responsable du service juridique jugent que la poursuite n’est pas l’endroit où régler les questions concernant la réglementation encadrant les grandes compagnies technologiques.
Critiquer Facebook… mais s’en servir
Chez le Pew Research Center, enfin, on note que les Américains sont particulièrement favorables à l’imposition de règles supplémentaires pour les géants de la technologie. Ainsi, un coup de sonde a déterminé que 47% des adultes américains croient que le gouvernement devrait agir davantage dans ce dossier.
Cela n’empêche pas ces mêmes Américains détracteurs des réseaux sociaux de s’en servir: en 2019, 69% des participants à un sondage effectué au pays de l’Oncle Sam disaient avoir utilisé Facebook au moins une fois.
Enfin, 72% des adultes américains jugent que les médias sociaux ont trop d’influence en politique. Dans le contexte des élections présidentielles, sénatoriales et de la Chambre des représentants de 2020, où énormément de fausses informations et de vitriol ont et continuent de circuler sur Twitter et Facebook, cette critique trouve facilement écho au sein de la société en général.
« Nous avons hâte de nous défendre en cour, où nous sommes sûrs de pouvoir démontrer que Facebook, Instagram et WhatsApp vont ensemble, et que nous livrons une saine concurrence en nous appuyant sur de bons produits », conclut Mme Newstead dans son billet de blogue.