Si l’Union européenne a accompli des progrès importants pour atteindre ses objectifs en matière de réduction des émissions polluantes, ces baisses sont largement attribuables aux populations à faibles ou moyens revenus. Les Européens les plus riches, eux, ont pollué davantage, révèle un nouveau rapport de l’organisation Oxfam.
Le document, intitulé Combattre les inégalités des émissions de CO2 dans l’Union européenne, révèle que le Vieux Continent a bel et bien réduit ses émissions polluantes de 12% entre 1990 et 2015. Cependant, c’est la moitié la plus pauvre de la population qui est responsable de ces progrès, eux qui ont diminué leurs émissions de 25%.
Les Européens à revenus moyens, eux, sont parvenus à une réduction de 13% de leurs émissions.
Les plus riches, eux, ont plutôt accru leurs émissions polluantes de 3%. Chez le fameux « 1% », l’augmentation atteint 5%.
« Les 10% des citoyens européens les plus riches sont responsables de plus d’un quart (27%) des émissions de l’UE, soit autant que la moitié la plus pauvre de la population de toute l’UE. Les 40% d’Européens ayant des « revenus moyens » sont quant à eux responsables de 46 % des émissions et les 1% les plus riches de 7% des émissions », mentionne Oxfam dans son rapport.
L’organisation affirme, chiffres à l’appui, que cet écart titanesque est une nouvelle preuve du creusement des inégalités entre les diverses classes sociales européennes.
Pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris, qui vise à contenir l’augmentation mondiale des températures moyennes à 2 degrés Celsius, ou encore, à 1,5 degré, pour éviter une multiplication incontrôlable des catastrophes climatiques et environnementales, les émissions des 10% les plus riches d’Europe devraient être divisées par 10 d’ici seulement une décennie, soit en 2023, alors que celles du 1% devraient être réduites par un facteur de 30.
Chez les plus pauvres, la réduction doit « seulement » atteindre 50%, juge Oxfam.
« Les inégalités en matière d’émissions de CO2 risquent de mettre à mal l’atteinte des objectifs climatiques de l’Europe si les dirigeants européens n’adoptent pas une approche commune pour réduire les émissions et lutter contre les inégalités. Le mouvement des Gilets jaunes nous a montré à quel point les politiques climatiques peuvent s’enliser si elles ne reposent pas sur des principes d’équité et de justice sociale », affirme Armelle Le Comte, responsable du plaidoyer climat à Oxfam France, en évoquant le mouvement de contestation qui a paralysé la France avant l’éclatement de la pandémie.
Toujours au dire de l’organisme, « les 10 % de citoyens les plus riches d’Allemagne, d’Italie, de France et d’Espagne (soit quelque 25,8 millions de personnes) sont collectivement responsables du même volume d’émissions que l’ensemble de la population de 16 États membres de l’UE réunis (soit environ 84,8 millions de personnes) ».
En Pologne, par exemple, la dépendance envers le charbon fait en sorte que les 10% des citoyens les plus riches (3,8 millions de personnes) polluent plus que l’ensemble de la population de la Suède (9,8 millions d’habitants), ou encore la Hongrie (9,9 millions de citoyens).
Chez Oxfam, on réclame un Green New Deal européen, soit un accord économique et environnemental continental qui permettrait d’atteindre les objectifs de l’accord de Paris, et ainsi mieux protéger notre planète. « Le Green Deal européen peut cibler les émissions des citoyens les plus riches tout en bénéficiant directement aux Européens à faible revenu, en investissant par exemple dans la rénovation des logements et les transports publics », estime Mme Le Comte.