Entre une âme noire et l’absence d’âme, y a-t-il une différence? Voilà la triste question qu’on peut se poser à la lecture du plus récent roman de Pierre Adrian, Les bons garçons, quatrième opus de l’auteur à paraître aux Éditions Équateurs.
Une certaine Italie des années 70. Rome, la magnifique, recèle comme depuis toujours, toutes les fractures sociales qu’on peut imaginer. C’est là où, le temps d’une randonnée en voiture, on croise les plus belles villas et les quartiers les plus déliquescents. Le ton est direct. Le lecteur est interpelé sans ambages comme le serait un piéton par l’adolescent sur sa Vespa, frustré d’avoir dû ralentir sa monture. Le style descriptif, influencé peut-être par Giono ou Magnan, nous laisse d’abord penser que nous assisterons à une chronique. Que nenni ! Sauf si on veut parler de la chronique d’une mort annoncée. La mort d’une jeunesse naïve, presque pure, aux mains d’une nomenklatura aux allures fascistes.
En parallèle de quelque chose de beaucoup plus grave, nous assistons à la découverte d’une Rome qu’on voit peu: charmante ou mystérieuse, mais bien éloignée des circuits touristiques. Au détour d’un chemin, on découvre une impressionnante colline, nommée en l’honneur de Circée: « Le Circéo prenait le village comme on porte un coquillage à l’oreille. Pour écouter la mer ». Elles ne sont pas rares, les perles, mais elles disparaissent quand se corsent les événements. Adrian a le bon goût de savoir nommer l’horreur sans la décrire, de laisser sous-entendre le pire, sans étaler trop de sang sur la page.
C’est malheureux, cependant, que la profondeur de l’œuvre se retrouve surtout dans la description des paysages plutôt que dans la psychologie des personnages ou la description des luttes de classes. Comment de jeunes hommes qui nagent dans l’opulence et fréquentent la haute société peuvent-ils en arriver à perdre leur âme? Ce n’est pas ici qu’on tente une explication.
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