Alors que la situation sur le front de la COVID-19 est dramatique dans presque tous les États américains, il en est un qui fait exception: le Vermont. Chez ce voisin du Québec, les autorités de la santé sont convaincues que la clef du mystère réside dans le fait qu’elles ont accordé très tôt la priorité aux populations les plus vulnérables.
Les chiffres étonnent. Alors que, dans la semaine du 13 au 20 novembre, le nombre de cas dépassait les 100 par 100 000 habitants dans chacun des 10 États les plus touchés et que 14 autres affichaient entre 60 et 100 cas par 100 000 habitants, le Vermont était à 16. Mais surtout, la courbe est atypique: bien que le Vermont affiche, comme tous les autres, une augmentation du nombre de cas de coronavirus depuis le début de novembre, sa courbe se distingue nettement des autres.
Le choix du Vermont d’avoir priorisé ces populations vulnérables « a aidé d’une part à protéger ces gens des pires retombées vues ailleurs, mais a aussi d’autre part contribué au plus bas taux de transmission», explique au magazine Vox la chercheure Anne Sosin.
Ce n’est pas seulement aux personnes âgées qu’elle fait allusion. La journaliste Julia Belluz donne en exemple les sans-abris. Dès le mois de mars, les organismes communautaires ont reçu l’assurance qu’ils pourraient utiliser des chambres de motels, payées par l’État, pour loger la clientèle qui, à cause des règles de distanciation sociale, ne pouvait plus trouver de place dans les refuges. Huit mois plus tard, il n’y aurait que six cas de coronavirus parmi les sans-abris du Vermont, selon son ministère de la Santé, soit 1% de cette population — contre un taux d’infection moyen de 25% dans le reste des États-Unis.
Pour les autres populations dites « vulnérables », les mesures incluent des livraisons de repas et des tests de dépistage dans des communautés ciblées —en plus de chèques bimensuels d’urgence à ceux qui ont perdu leur emploi, comme au Canada —une initiative d’aide qui n’a eu qu’un temps dans le reste des États-Unis. La logique derrière cette aide ciblée est que la COVID, rappelle Julia Belluz, «n’est pas une maladie égalitaire. Les gens les plus susceptibles d’être testés et d’avoir la capacité de se mettre en quarantaine, sont aussi les moins à risque de devenir malades à cause du virus ou d’en mourir » —un fait qui s’est vérifié du Québec jusqu’en Grande-Bretagne.