La mauvaise nouvelle qui a frappé les amateurs d’astronomie la semaine dernière — avec l’effondrement appréhendé du radiotélescope d’Arecibo — n’est pas sans précédent. À plus d’un millier de kilomètres de là, les amateurs se souviennent encore de l’effondrement du radiotélescope de Green Bank, le 15 novembre 1988.
« You have a telescope down », avait-on annoncé ce soir-là au directeur de l’observatoire situé en Virginie, George Seielstad. « Down » aurait normalement voulu dire « en panne ». Mais pas cette fois: la « soucoupe » de 91 mètres de diamètre s’était complètement effondrée, sans avertissement, créant un amoncellement de câbles et de métal qui ne laissait aucun espoir de reconstruction.
Cette fois au moins, à Arecibo, sur l’île de Porto Rico, il y a eu des avertissements. Le 10 août, un premier câble avait quitté son ancrage. Les ingénieurs avaient alors évalué que l’ensemble de la structure était stable. Mais la perte d’un second câble, le 6 novembre — dont la chute a creusé un trou dans la soucoupe située en-dessous — a d’abord conduit à interdire l’accès aux bâtiments. Et finalement, à annoncer la fermeture définitive le 19 novembre. La National Science Foundation et l’Université Central Florida, qui gèrent l’installation, ont déclaré dans un communiqué ne pas voir d’alternatives pour stabiliser la structure « sans mettre des vies en danger ».
La structure scientifique en question, suspendue au-dessus de la « soucoupe », pèse 900 tonnes.
Le radiotélescope d’Arecibo a, depuis 1963, servi autant à étudier la haute atmosphère terrestre qu’à observer des galaxies lointaines et des pulsars, en plus d’avoir contribué à dresser une liste des astéroïdes susceptibles de passer dangereusement près de nous. Mais l’image qu’en retiendra une partie du public reste celle du film Contact, où une équipe d’astronomes était à l’écoute d’éventuels signaux envoyés par une civilisation extraterrestre —un type de recherche qui y a aussi été mené.
Depuis le 19 novembre, ce sont des astronomes du monde entier qui ont partagé leurs souvenirs et leurs regrets. Arecibo fut pendant des années la plus grande antenne unique de radio-astronomie du monde, dépassée seulement en 2016 par le « Radiotélescope sphérique de 500 mètres d’ouverture », en Chine.
Il avait déjà failli être fermé en 2007, si la National Science Foundation n’avait pas trouvé un partenaire financier. Le sort qui sera réservé au site n’est pas encore clair: que la structure s’effondre ou pas, le bâtiment réservé aux visiteurs, qui est à l’écart, pourrait, lui, demeurer — Arecibo a été une source de revenus touristiques pour Porto Rico. Mais alors que Green Bank allait, 15 ans plus tard, hériter d’un nouveau radiotélescope, la perspective de construire un second Arecibo au même endroit semble beaucoup moins plausible dans le climat politique actuel.
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