Dave Oshry est quelqu’un de… particulier. Frondeur, farceur, il est à l’image de l’entreprise qu’il dirige, l’éditeur de jeux vidéo New Blood Interactive. Et c’est probablement cigare au bec, avec un fusil à canon scié en main, ou aux commandes d’une motomarine, fuyant l’explosion au ralenti du sous-marin du grand méchant, qu’il s’entretient avec Pieuvre.ca.
L’image est parlante: après avoir répondu aux questions transmises par courriel par ce journaliste, Dave Oshry envoie une photo, en format paysage, pour illustrer l’entrevue. « Je n’en ai pas beaucoup en format paysage », lance-t-il, fort probablement avec un sourire.
Sur l’image en question, on constate que M. Ohsry a superposé sa tête sur le corps de B.J. Blazkowicz, le héros surhumain de la série Wolfenstein. Et plus particulièrement le corps de M. Blazkowicz, aux pectoraux ultra-dessinés et aux muscles plus que saillants. Dans ses mains, des armes de destruction à l’allure particulièrement meurtrière. Et tout à gauche, le nom de M. Oshry, surmontant les mots « The New Blood », jeu de mots sur The Old Blood, l’expansion/antépisode du jeu The New Order, toujours dans la série Wolfenstein. Bref, le ton est donné.
Et ce ton est omniprésent chez New Blood. Grands amateurs de jeux de tir à la première personne avec une forte esthétique rétro, les gens de chez New Blood rendent hommage aux grands classiques des années 1990, que ce soit Doom, Heretic, Quake, Hexen, Marathon, et bien d’autres. Les jeux Amid Evil, Ultrakill et Dusk ont déjà récolté leur lot de félicitations et de critiques positives. C’est aussi le cas pour les autres titres publiés, en version démo ou intégrale, comme Faith, de Airdorf Games, ou encore Gloomwood et Unfortunate Spacemen.
À la tête de ce mini empire du jeu vidéo, on trouve donc Dave Oshry, qui semble toujours s’amuser à donner dans l’hyperbole lorsque vient le temps de mousser la publicité de sa compagnie. Mais avant d’en arriver là, avant de faire la promotion de noms de domaine évoquant Thief, pour parler de Gloomwood, ou Dead Space, pour vanter Unfortunate Spacemen, M. Oshry a commencé quelque part. Chez lui, en fait, avant même d’atteindre l’adolescence.
« J’ai commencé à modifier des jeux quand j’avais 8 ans, et j’ai créé ma propre « entreprise » en vendant des jeux piratés quand j’avais 12 ans, avant que ma mère ne s’en rende compte et ne me force à tout arrêter », écrit-il.
« Maintenant, je suis un peu plus légitime! »
Après un passage comme journaliste spécialisé en jeux vidéo, il passe de l’autre côté de l’industrie: « J’avais déjà de l’expérience en marketing, et je discutais avec un ami de la possibilité de refaire Duke Nukem 3D dans le moteur graphique Unreal Engine… et le reste est passé à l’histoire. »
Mais entre l’idée de faire ses propres jeux et mettre sur pied sa propre compagnie d’édition, il y a un pas, mentionne encore M. Oshry. Pas qui fut franchi « après que mes amis et moi-même, nous nous soyons rendu compte que nous étions en train de nous brûler à travailler, au sein d’une grande équipe, à produire des jeux sur lesquels nous n’avions pas le contrôle créatif ».
« Nous voulions produire nos propres jeux pour le plaisir… et c’est ce que nous avons fait! »
D’où New Blood Interactive, donc. Et d’où ce côté un peu baveux, qui s’inscrit dans ce qui semble être le début d’un courant où les éditeurs de jeux s’amusent un peu plus, plutôt que de se prendre trop au sérieux. Déjà, Devolver Interactive a pris l’habitude des conférences de presse complètement loufoques, d’abord dans le contexte de l’Electronic Entertainment Expo (E3), et maintenant un peu plus régulièrement, pandémie oblige.
Est-ce à dire que les éditeurs indépendants doivent parfois donner dans « l’extrême » pour se faire remarquer? « Je crois que vous devez faire tout ce qui est nécessaire pour vous, et être vous-même. Si vous êtes authentique à propos de qui vous êtes et ce que vous faites, alors les joueurs vont aimer ça. Si New Blood était super corporatiste et ennuyant, alors ce ne serait pas New Blood! », lance Dave Oshry.
Et après s’être intéressée aux jeux de tir à la première personne, New Blood Interactive pourrait se tourner vers les jeux de rôle, les jeux d’horreur… et pourquoi pas le genre niché des combats de véhicules?, demande le PDG.
Des jeux « parfaits »
Pour Dave Oshry, un tout petit nombre de titres peuvent servir d’exemple et d’inspiration pour tous les développeurs et les créateurs de jeux vidéo:
- Link to the Past
- Doom
- Fallout 1
- Castlevania: Symphony of the Night
Un palmarès bigarré, certes, mais « ce sont des jeux parfaits, dont les leçons peuvent servir, à jamais, pour guider la création de nouveaux titres », dit-il.
Qu’en serait-il de son propre jeu parfait? Sur cette question, Dave Oshry ne cache pas sa préférence: « J’aimerais un nouveau jeu de la série Fallout développé à la fois par Bethesda (créateurs de la série, mais aussi de l’univers des jeux Elder Scrolls, notamment), Obsidian (responsables de l’excellent Fallout: New Vegas et du récent The Outer Worlds) et InXile, qui ont redonné vie à la série de jeux de rôle Wasteland, dont le troisième titre vient de paraître, ainsi qu’à l’univers de The Bard’s Tale et Torment: Tides of Numenera.
Que des grands noms, donc. Bien entendu, une telle collaboration serait surprenante, en raison des approches différentes employées par ces trois studios, mais on peut bien rêver, non?