Deux dinosaures figés dans la pierre ont rapporté à leurs « propriétaires » des millions de dollars, relançant le débat sur la légitimité de devenir propriétaire d’un dinosaure.
Découverte en 2006 au Montana, la pierre, qui fait plusieurs mètres de côté et qui est appelée « dinosaures en duel », a fait l’objet d’une bataille juridique pendant plus d’une décennie. L’enjeu: puisqu’un fossile appartient au règne minéral, les droits sur un fossile appartiennent-ils à ceux qui détiennent les droits d’exploitation du minerai sur ce terrain, ou aux propriétaires du terrain qui ont cédé ce droit d’exploitation?
La question ne passionnerait que les avocats si, en 1997, le squelette le plus complet d’une tyrannosaure, appelée Sue, n’avait pas été acheté pour la rondelette somme de 7,6 millions par le Musée Field des sciences de Chicago. La qualité exceptionnelle de conservation de ces deux « dinosaures en duel », qui semblent avoir été figés en plein combat, a donc fait saliver les propriétaires du ranch chez qui la pierre a été trouvée, tout comme les détenteurs du permis d’exploitation du minerai. La Cour suprême du Montana ayant finalement tranché, en mai 2020, en faveur des premiers, on vient d’apprendre que le Musée des sciences de Caroline du nord a acquis la chose pour une somme qui n’a pas été dévoilée.
C’est un phénomène propre aux États-Unis — les États du nord-ouest sont ceux où de nombreux fossiles ont été découverts au cours des dernières décennies. Du côté canadien, en Alberta, la loi stipule qu’une telle découverte doit être documentée et évaluée par des experts.
Mais côté américain, depuis Sue, c’est une forme de vente aux enchères qui inquiète les paléontologues (un autre tyrannosaure, Stan, a été vendu pour la somme record de 31,8 millions $ plus tôt cette année). Quel accès les scientifiques auront-ils si la première priorité de l’acheteur est de rentabiliser son « investissement »? Et comment assurer que les fossiles soient « déterrés » dans les règles de l’art, avec toute l’information nécessaire pour les dater?
Sans compter, commente l’auteure spécialisée dans les fossiles Riley Black, que les millions investis dans ces fossiles auraient pu financer des départements universitaires de paléontologie ou des expéditions sur le terrain pendant des années…
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