Parler d’indépendance du Québec, mais autrement. La députée indépendante Catherine Fournier, qui avait claqué la porte du Parti québécois, au printemps 2019, en affirmant que la formation autrefois dirigée par René Lévesque n’était plus le véhicule idéal pour faire du Québec un pays, apporte une nouvelle pierre à son édifice souverainiste avec la publication du manifeste de son projet Ambition Québec.
Après la publication du premier ouvrage portant sur ce projet Ambition Québec (PAQ), en 2019, la députée indépendante de Marie-Victorin met un peu plus de chair autour de l’os politique. Pas question, toutefois, de former un nouveau parti indépendantiste.
« Nous allons nous démarquer par la façon dont notre action sur le terrain », mentionne Mme Fournier au bout du fil. « Ce que nous allons présenter, jeudi, lors de notre lancement sur Facebook, c’est qu’on veut passer par la voie locale pour contribuer à bâtir le pays. »
Ce manifeste, publié aux éditions Somme toute, servira de « carte de visite », pour « montrer de quelle façon on veut faire les choses de façon inclusive, rassembler les gens qui ne sont pas impliqués en politique, les aborder d’une façon différente que ne le ferait une organisation comme un parti politique ».
Parti politique ou non, toutefois, le PAQ devrait éventuellement allier sa « machine » citoyenne à un ou plusieurs partis siégeant à l’Assemblée nationale pour tenir un référendum sur l’indépendance du Québec, à l’instar de ce qui s’est produit en 1980 et 1995, reconnaît Mme Fournier. « On ne nie pas du tout qu’il faudra une majorité de députés souverainistes à l’Assemblée nationale pour enclencher une démarche qui permettra une victoire par des moyens démocratiques. »
Il y a cependant loin de la coupe aux lèvres, précise la députée: « Nous n’en sommes pas du tout là. Nous sommes devant un mouvement souverainiste où les partis se font la lutte, où les partis sont fragmentés sur la scène politique québécoise. L’analyse que nous effectuons, au sein du PAQ, c’est que nous ne trouverons pas le terrain fertile pour la victoire tant qu’il n’y aura pas de pressions dans la population, un momentum en faveur de l’idée d’indépendance au sein de la population. »
D’où l’idée de « mobiliser autour d’un idéal de société le plus rassembleur possible », indique encore Mme Fournier.
Un processus à long terme
La lecture du manifeste, qui se scinde en trois parties, avec des lettres et des poèmes, d’abord, puis l’énoncé des principes du PAQ, suivi de la retranscription d’une discussion entre les principaux membres du projet, est toutefois particulièrement avare de détails à propos de cet idéal de société. On comprend que le Québec indépendant souhaité par les membres du PAQ serait ouvert sur le monde, respectueux de l’environnement, et favoriserait une plus grande participation de la population au processus démocratique, y compris en incluant davantage les Autochtones, notamment, mais au-delà de cela, on ne trouve rien de bien concret. Pas de vision économique ou environnementale, ou encore d’approche à propos des relations avec le Canada, les États-Unis ou le reste du monde une fois l’indépendance atteinte, notamment.
« Nous cherchons vraiment à avoir une implication citoyenne par la base, aller dans les communautés, écouter les gens, leurs peurs et leurs aspirations », explique Mme Fournier.
Celle-ci parle d’ailleurs d’un processus « qui va s’échelonner sur plusieurs mois, voire quelques années ».
« On croit que cela en vaut la peine, parce que le mouvement part de tellement loin; il y a tellement de fractures », ajoute la députée.
Catherine Fournier demeurera-t-elle députée pour porter le PAQ? Surtout si les prochaines élections québécoises auront lieu en 2022?
« Je n’ai pas encore pris de décision pour les élections; c’est sûr que c’est dans deux ans, mais je vois ça comme étant plutôt loin. La politique, ça change rapidement. Ça dépend de plusieurs considérations personnelles. »
Toujours au dire de la députée, la décision de se représenter ou non en 2022 est « indépendante » de son implication dans le PAQ.
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