Un homme, une histoire inconnue, un pays (et un héritage) à découvrir: pour Sébastien Desrosiers, journaliste à Radio-Canada, la quête des origines est particulière. Il raconte cette démarche dans Ndagukunda déjà, un court-métrage présenté dans le cadre des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM).
Fils d’une Québécoise et d’un réfugié rwandais, Sébastien a éventuellement cherché à rencontrer ce père qu’il n’avait jamais connu. En parallèle, il souhaitait découvrir la terre de ses ancêtres, ce pays d’Afrique toujours marqué par le génocide de 1994. À l’occasion du 25e anniversaire de ce massacre aux proportions titanesques, le voilà donc qui part à la recherche d’un passé mystérieux.
D’une durée d’à peine 25 minutes, Ndagukunda déjà est une brève oasis de lumière, de chaleur et de bonheur au sein de l’océan de détresse, de tristesse et de solitude qu’est notre époque en temps de pandémie. Superbement tourné, toujours dans une perspective de sobriété cinématographique, et surtout, sans jamais trop appuyer les émotions ressenties ou trop étirer les moments importants, le court-métrage témoigne d’une grande capacité à laisser une histoire se raconter par elle-même, plutôt que d’en forcer la narration.
Il faut voir Sébastien, le coeur chaviré lorsqu’il constate qu’une très grande partie de sa famille a été décimée lors du génocide, pour comprendre l’intérêt de ce film. Et cet équilibre entre le ressenti et ce qui est présenté à l’écran est difficile à atteindre: trop appuyer les émotions amène à les exploiter. Trop les dissimuler donne un résultat froid et ennuyant.
Et bien entendu, voir tous ces magnifiques paysages, toute cette chaleur humaine… On en oublie rapidement que la maladie rôde maintenant un peu partout sur notre planète, et qu’il serait particulièrement difficile de retourner au Rwanda, par exemple, ou simplement de quitter le Canada pour aller ailleurs, histoire d’élargir ses horizons.
Pour toutes ces raisons, Ndagukunda déjà est un magnifique court-métrage qui mérite absolument la peine d’être vu. Le temps d’espérer, un peu.