La pauvreté et les inégalités pourraient connaître de fortes hausses à travers le Vieux Continent, alors que les travailleurs à faible revenu pourrait subir des baisses de salaire allant jusqu’à 16%, au même moment où la cohésion sociale entre les pays pourrait aussi prendre du plomb dans l’aile en raison des mesures de confinement, selon une nouvelle étude économique de l’Université d’Oxford.
Dans un rapport publié ce mois-ci, le Dr Juan Palomino, du département de politiques sociales et d’intervention de l’université, en compagnie de collègues de l’Universidad Complutense de Madrid, décrivent comment les mesures d’urgence visant à combattre la pandémie ont provoqué un « impact inégal sur les travailleurs de diverses industries », alors que les travailleurs à faible revenu, qui tendent à disposer d’une capacité moindre à pouvoir continuer de travailler pendant le confinement, subissent le gros des pertes de revenu ».
« Notre analyse révèle la possibilité d’une augmentation importante de la pauvreté et des inégalités à travers l’Europe », mentionne le Dr Palomino.
Toujours selon ce dernier, « le confinement et la suspension partielle des activités économiques ont été cruciales pour ralentir la pandémie et sauver des vies, mais il ne fait aucun doute que l’impact économique de la COVID-19 a été dramatique ».
« Nos conclusions indiquent que le poids de la pandémie reposera de façon disproportionné sur les travailleurs à faible revenu, ce qui, en l’absence de politiques compensatoires, fera augmenter de façon importante la pauvreté et les inégalités à travers l’Europe. »
Les chercheurs ont simulé l’impact de la pandémie à travers le Vieux Continent en tenant compte d’un scénario conservateur, soit un confinement de deux mois, ainsi qu’en imaginant une fermeture partielle de six mois après deux mois de confinement. Dans les deux cas, la pauvreté et les inégalités ont bondi à travers l’Europe, avec des impacts variés, en fonction de la force de l’économie des différents pays.
En l’absence de mesures compensatoires adoptées par les gouvernements, le scénario le plus conservateur évoque une perte de revenus de l’ordre de 10% pour les plus pauvres, alors que les inégalités progresseraient de 3,5% sur l’ensemble du continent. Pour ce qui est du scénario le plus grave, la perte de revenus dépasserait les 16%, alors que l’Europe enregistrerait une hausse du taux de pauvreté approchant les 10%.
Toujours selon le rapport, les mesures de confinement pourraient avoir empiré la cohésion sociale en Europe. Si les inégalités entre les pays auraient gonflé de 4%, selon les simulations des chercheurs, ces mêmes inégalités, à l’intérieur des nations, pourraient bondir d’un maximum de 12%.
Au dire des chercheurs, « ces différences entre les régions de l’Europe s’accroissent en fonction de la sévérité des mesures nécessaires pour combattre et prévenir les infections de COVID-19 ».
Les parties du et est de l’Europe encaissent le pire de l’impact économique, selon l’étude, qui y constate une plus forte hausse de la pauvreté et de l’inégalité qu’en Europe du Nord et en Europe Centrale.
Le Dr Palomino appelle à des « politiques publiques qui réduiront les conséquences inégales que pourrait avoir le reconfinement ».