Andrea Marcolongo est une mordue. Une mordue des mots: de leur origine, de leur histoire, de leur évolution, de leur sens premier et tous les autres sens qu’ils peuvent prendre au fil du temps et des circonstances, mais aussi selon notre bon vouloir. Les dictionnaires étymologiques sont pour elle comme des magasins de bonbons pour un enfant. Et, à moins d’être diabétique de la langue ou d’être carié du vocabulaire, on ne peut que la suivre dans cette bonbonnière qui a pour titre Étymologies pour survivre au chaos¸ une publication des éditions Les belles lettres.
Cet ouvrage, c’est comme une tentative de sauvetage de la langue, ou plutôt des langues, construite sur la présentation et l’analyse de 99 mots, rigoureusement choisis. Selon la journaliste et essayiste, on peut constater aujourd’hui « une hypertrophie incontrôlée qui provoque une surabondance de termes et une production effrénée de néologismes comme si les mots que nous avons déjà ne suffisaient plus à exprimer ce que nous pensons ».
Mais au-delà de cette mission humanitaire pour venir au secours des mots, Marcolongo avoue avoir toujours aimé découvrir les histoires que recèlent les racines des mots. Cette histoire des mots d’aujourd’hui est bien sûr ancienne et voilà que le lecteur est agréablement étourdi d’étymologies grecques, latines, italiennes, françaises, allemandes, roumaines, espagnoles et indo-européennes de toutes sortes. Mais ne vous y trompez pas. Nul besoin d’avoir fait son cours classique pour prendre goût aux tours et détours auxquels nous convie l’auteur.
Au contraire, cet essai se lit comme un récit historique ou encore comme un précis de philosophie accessible à toute personne qui aime la lecture et les mots.
Si, d’une part, son ouvrage est truffé de références aux plus grands dictionnaires étymologiques, l’auteur choisit avec soin les étymologies les plus surprenantes et savoureuses.
Par exemple, concernant le mot Vie, elle note que « les Grecs méritent un développement à part, car ils n’avaient pas peur du mot juste (…) l’être humain se disait en effet (…) le «mortel» par définition ». Douce ironie. Et il en va ainsi tout au long de l’ouvrage avec des mots comme: rose, labyrinthe, douleur ou encore aimer et s’éprendre… amare e innamorarsi. À lire et à relire sans retenue!