À l’été 2017, Paris cuit sous la fournaise d’une canicule qui n’en finit plus de finir. Cela n’empêche pas Thomas, journaliste sans grande envergure, de mettre la main sur une information encore plus brûlante: une porte d’accès aux rouages internes de l’État islamique, alors sur le point de perdre sa « capitale ». Voilà ce que propose Le banquier de Daech, un roman de Pascal Canfin publié aux éditions L’aube noire.
Thomas, donc, reçoit une étrange lettre qui le mènera de la City, à Londres, jusqu’à Beyrouth, au Liban, en passant évidemment par Paris, où il habite et travaille. Dans cette course contre la montre, il obtiendra un accès sans précédent au réseau financier international qui a un temps soutenu le groupe terroriste sanguinaire.
Ce que Le banquier de Daech expose toutefois, ce n’est pas nécessairement le fonctionnement de l’une des pires organisations terroristes de tous les temps, mais plutôt la gangrène secrète qui sous-tend notre société, et les efforts d’un journaliste pour tenter de percer tout cela à jour.
Canfin décrit, avec un certain succès, les démarches journalistiques effectuées dans le cadre d’un travail de reportage traditionnel, mais aussi lorsqu’il est question d’enquêtes pouvant s’avérer dangereuses: cueillette d’informations, discussion avec des sources, voire prise de risques pour tenter de faire la lumière sur cette affaire.
Cependant, dans sa tentative de présenter Thomas comme un journaliste ordinaire, histoire de mieux tisser des liens entre les lecteurs et son personnage principal, Canfin commet l’erreur de donner à ce journaliste sans éclat des capacités d’enquête qui dépassent de loin le talent d’un « scribe » qui se contente généralement d’éplucher des rapports. Ce qui n’est pas un mal en soit, mais les journalistes d’enquête ont habituellement une capacité de recherche, de déduction et de réflexion qui leur font éviter les pièges dans lesquels Thomas finira ultimement par tomber.
Sans donner tous les détails du scénario, Le banquier de Daech devient éventuellement trop gros pour son propre bien. Il s’agit évidemment d’une oeuvre de fiction, mais ses personnages clichés sont un peu trop caricaturaux pour qu’on y croie réellement, à cette étrange histoire de banquier travaillant pour les intégristes islamistes. Et, surtout, à cette histoire de journaliste à qui tout semble sourire.
Et c’est bien dommage!
Le banquier de Daech, de Pascal Canfin. Publié aux éditions L’aube noire, 213 pages.