Si les pays développés se sont engagés à aider les États en développement pour surmonter la crise climatique et s’adapter aux transformations de notre planète, l’organisme Oxfam soutient que les sommes investies pourraient ne représenter qu’un tiers des montants promis.
Dans un rapport intitulé 2020: les vrais chiffres des financements climats, l’organisation dit vouloir faire la lumière sur les engagements des économies industrialisées, le tout en prévision d’un autre rapport, publié par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) celui-là, sur les progrès réalisés par les pays développés pour atteindre leur objectif de 100 milliards versés en aide au développement par année d’ici 2020.
Pour Oxfam, sur les un peu moins de 60 milliards déclarés en financements climat par année, en moyenne, en 2017-2018, à peine de 19 à 22,5 milliards auraient réellement trouvé leur chemin dans les poches des pays dans le besoin.
La différence? Toujours selon le rapport, les sommes promises sont ensuite diminuées par les déductions attribuables aux remboursements de prêts, aux intérêts et à d’autres surestimations. « De nombreux bailleurs ont par exemple tendance à comptabiliser comme financements climat des projets dont l’action climatique n’est en fait qu’une partie d’un projet de développement plus vaste », lit-on dans le document publié par Oxfam.
Les données présentées par l’organisation semblent sans appel: sur l’ensemble des montants publics déclarés, 80% d’entre eux, soit 47 milliards, ont été fournis sous forme de prêts, et les termes de la moitié des prêts en question auraient été accompagnés de conditions non avantageuses pour les bénéficiaires de cette générosité intéressée.
« Environ un cinquième (20,5 %) des financements ont été alloués aux pays les moins avancés et seulement 3 % aux petits États insulaires en développement, qui sont pourtant les plus gravement menacés par le changement climatique et ont le moins de ressources pour y faire face », précise encore le rapport, où l’on peut également lire que « seul un quart (25 %) environ des financements ont été consacrés à aider les pays à s’adapter aux impacts de la crise climatique tandis qu’environ deux tiers (66 %) des fonds ont servi à aider les pays à réduire leurs émissions ».
« Les financements climat constituent une bouée de sauvetage pour les communautés confrontées à un nombre sans précédent de canicules, tempêtes et inondations dévastatrices. Même en pleine lutte contre la pandémie de COVID-19, les gouvernements ne doivent pas perdre de vue la menace grandissante que constitue le changement climatique et au contraire respecter leurs engagements », déclare de son côté Armelle Le Comte, responsable du plaidoyer climat chez Oxfam France.
Dans ce palmarès des pays riches venant en aide aux États dans le besoin, le Canada fait relativement bonne figure: sur un total annuel d’environ 307 millions, en 2017 et 2018, un peu plus du tiers (33,4 %) était constitué de subventions, alors que les prêts concessionnels, c’est-à-dire plus avantageux pour les emprunteurs, formaient presque 62% de l’ensemble. Au total, 212 millions auraient été constitués de dons.
Mme Le Comte appelle les pays développés à « fournir davantage de financements climat sous forme de subventions, davantage de financements pour l’adaptation et privilégier les pays les plus vulnérables ».