On ne compte plus les essais et les articles sur l’univers de Game of Thrones, que ce soit pour examiner ses structures politiques, économiques, militaires; l’influence d’oeuvres classiques, ou encore ses relations de pouvoir entre ses personnages. Une histoire de feu et de sang – Le Moyen Âge de Game of Thrones, de Florian Besson et Justine Breton, paru aux Presses universitaires de France, fait à la fois office de synthèse des travaux de recherche sur la saga, tout en examinent le méga-phénomène culturel sous l’angle des références à cette période faste de notre histoire.
Impossible, en effet, de ne pas imaginer une série de liens plus ou moins étroit avec notre histoire moyenâgeuse. D’abord, bien entendu, parce qu’on se déplace à cheval, que l’on combat à l’épée, et que l’on évoque quantité de chevaliers, de rois et autres indices historiques, mais aussi parce que l’auteur des livres, George R.R. Martin, a lui aussi dit s’inspirer des près de 1000 ans écoulés entre la chute de Rome et la Renaissance pour créer son univers.
Ce que proposent Besson et Breton, dans leur essai de quelque 300 pages bien tassées, c’est un genre d’examen de l’état général des lieux. En examinant la série (et la télésérie), les deux spécialistes constatent principalement que Martin s’appuie sur des connaissances historiques sur le Moyen Âge qui sont aujourd’hui en bonne partie obsolètes.
En fait, l’essai est davantage un cours d’histoire en accéléré qu’une critique en bonne et due forme du travail de Martin. A Song of Ice and Fire, le titre original de la saga, est une oeuvre de fiction, après tout. Et nonobstant les affirmations de l’auteur, on comprendra rapidement, dès l’évocation des dragons, des white walkers, ou encore des saisons qui peuvent durer plusieurs années, que cette gigantesque histoire n’entend pas s’astreindre aux faits avérés à l’époque médiévale. Il s’agit donc plutôt de démontrer, preuves et nombreuses références à l’appui, que les idées préconçues à propos de cette période historique sont légion chez le grand public, et que les connaissances en la matière sont constamment affinées par des travaux de recherche et de nouvelles interprétations des événements marquants, des textes et des autres artefacts de cette époque.
Pendant un peu plus de 300 pages, donc, on a droit à un fascinant tour d’horizon qui vient non seulement confirmer les forces (et les faiblesses) de la série, mais aussi lever le voile sur une période toujours franchement méconnue et mécomprise de notre histoire commune. Voilà probablement comment il faut voir cet examen du phénomène Game of Thrones: comme une excellente occasion de revoir ses notions d’histoire. Et en ce sens, Besson et Breton accomplissent ici un travail hors pair.
Une histoire de feu et de sang – Le Moyen Âge de Game of Thrones, de Florian Besson et Justine Breton, paru aux Presses universitaires de France, 337 pages.
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