La prolifique poétesse et romancière Louise Desjardins vient de publier un nouveau roman aux Éditions Boréal. La fille de la famille est écrit dans un style simple et direct, sans fioritures et sans effets de manche.
Celle que son père appelle la suffragette, se raconte à différentes périodes de sa vie, de l’enfance jusqu’au début de la maturité. Par petites touches impressionnistes, elle raconte les choses du quotidien, les banalités: autant celles qui deviendront sujettes à nostalgie que celles qui laisseront des traces indélébiles.
À travers toutes ces anecdotes, l’auteur dépeint le Québec d’après les années 50 sous l’angle des droits des femmes, mais surtout de l’absence de droits des femmes. Alors que l’héroïne gagne mieux sa vie que son mari, elle doit avoir un garant masculin pour pouvoir emprunter l’argent nécessaire à l’achat d’une voiture. Plus tôt dans sa vie, quand elle peine à lire au tableau dans la salle de classe, sa mère tente de la convaincre que le port de lunettes réduirait ses chances de plaire (sic) aux hommes.
Dans la même veine, notre héroïne est bien choquée d’apprendre qu’en tant que prof de littérature, il est mal séant de donner à lire Madame Bovary: eh oui, la censure sévissait encore il y a peu dans ce Québec qui se « révolutionnait » bien tranquillement.
Les vacances au camp de chasse, un père un peu taiseux qui brutalise ses garçons pour montrer son autorité, voilà d’autres exemples de la façon dont Louise Desjardins raconte de l’intérieur cette époque où notre société sortait tant bien que mal de la Grande noirceur.
Voilà un court roman, tout près de deux cents pages, qui se lisent d’une traite, mais dont la fin m’a paru bousculée comme s’il déplaisait à l’auteur d’aborder dans le détail son dernier sujet d’importance. On a l’impression qu’une belle lancée s’est interrompue brusquement. Dommage.