De 10 000 à 50 000 milliards de dollars en coûts supplémentaires pour les économies de la planète si nous n’agissons pas suffisamment rapidement contre les changements climatiques: voilà le constat plus que troublant auxquels sont parvenus des chercheurs de l’Université de Warwick, au Royaume-Uni.
Les travaux, publiés récemment dans Nature Communications, démontrent que les modèles de prévisions économiques actuels ne tiennent pas compte des variations imprévisibles des températures mondiales, plutôt que de la hausse plus prévisible de ces mêmes températures.
Selon la coauteure Sandra Chapman, du département de physique de l’université, « lorsque nous provoquons un réchauffement d’un système comme le climat terrestre, celui-ci ne se réchauffe pas de façon uniforme et constante. Les changements dans les températures terrestres entraînent des dégâts économiques, et nos travaux estiment les dégâts supplémentaires auxquels nous pouvons attribuer ces changements dans les températures moyennes de la planète, en plus de la hausse graduelle en raison de l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère ».
Le CO2, notamment dégagé lors de l’utilisation de moteurs à combustion dans des véhicules, est l’un des principaux gaz alimentant les changements climatiques et la hausse des températures moyennes.
« Notre étude identifie une nouvelle catégorie de coûts économiques – ceux qui découlent des fluctuations imprévisibles, mais inévitables du climat planétaire que nous devrons affronter », indique pour sa part Raphael Calel, un professeur en politiques publiques de l’Université Georgetown, qui a collaboré avec l’Université de Warwick dans le cadre de l’étude. « Pour éviter ces pertes, nous avons besoins de politiques publiques plus diversifiées, avec des investissements plus importants en matière d’adaptation et de résilience. »
Le coût de l’inaction
Aux États-Unis, par exemple, on s’appuie sur un modèle de prévision mis au point par l’économiste de l’Université Yale William Nordhaus, pour lequel il a reçu un prix Nobel en 2018, ainsi que sur deux modèles prévisionnels qui découlent de ces travaux.
Selon M. Calel, cependant, ces modèles ne tiennent pas compte des variations de températures observées année après année.
« Cela pourrait avoir l’air d’un oubli mineur, mais notre étude démontre que ces fluctuations créeront des milliers de milliards de dollars en dégâts supplémentaires », dit-il. « De précédentes recherches s’appuient sur une procédure bien connue pour estimer les changements de température à l’échelle mondiale, et les dégâts économiques qui s’ensuivent. Dans nos travaux, nous amendons ces démarches pour tenir compte de la variabilité de ces températures. »
Le coût de l’inaction serait donc très largement supérieur à ce qui est estimé pour l’instant. Les 10 000 à 50 000 milliards de dollars additionnels sont calculés sur une période de 200 ans, en dollars d’aujourd’hui.
Pour éviter ce surcoût ruineux, les chercheurs proposent de nouvelles politiques qui ne sont pas sans rappelé les engagements liés aux diverses initiatives de lutte contre les changements climatiques: une agriculture plus durable, une réduction draconienne des émissions polluantes, ou encore des investissements dans des infrastructures qui pourront mieux résister aux événements météorologiques extrêmes, qui sont appelés à se multiplier au cours des prochaines décennies.
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