Une poignée de compagnies d’élevage seraient responsables d’avoir volontairement allumé des feux en Amazonie, la plus grande forêt tropicale du monde, pour ensuite récupérer les terres pour y installer des fermes, affirme un nouveau rapport de l’organisation environnementale Mighty Earth.
Cette déforestation, affirme-t-on, aurait ensuite accru les dangers d’éclosions de cas de COVID-19 chez les communautés locales, déjà isolées et particulièrement vulnérables.
Le rapport en question, intitulé Fanning the Flames: The Corporations Destroying the Amazon and Worsening the COVID-19 Pandemic, s’astreint à tracer une carte des feux déclenchés intentionnellement au Brésil, cette année, et y ajoute les informations sur les chaînes d’approvisionnement des entreprises pour identifier les compagnies qui alimentent la destruction. Ainsi, selon Mighty Earth, à peine trois compagnies, soit JBS, Marfrig et Minerva, sont responsables de 72% des exportations de boeuf dans les zones où sont concentrés les feux de forêt.
Les conclusions de l’enquête évoquent les informations contenues dans la précédente édition des travaux, en 2019. « Ce n’est pas un mystère », affirme Lucia von Reusner, directrice de campagne chez Mighty Earth. « Les mêmes compagnies nommées l’an dernier dans notre rapport, et plus particulièrement JBS et Marfrig, sont de nouveau liées aux feux qui font rage en 2020. »
« Après que la planète se soit scandalisée, l’été dernier, à propos de la destruction de l’Amazonie, il est impensable que ces entreprises aient continué à agir comme à l’habitude sans qu’il n’y ait de répercussions. »
L’organisation s’appuie sur des données publiées par l’agence de recherche spatiale du Brésil, INPE. Selon cette dernière, le nombre de feux en activité a doublé dans l’Amazonie pendant la première moitié du mois de septembre, comparativement à la même période, l’an dernier.
Les brasiers seraient d’ailleurs concentrés dans trois zones qui sont également des centres d’activité pour l’expansion agricole et l’élevage. À la suite des dévastations recensées l’an dernier, plusieurs scientifiques ont d’ailleurs mis en garde contre un important risque « d’effondrement écologique ». Cet effondrement serait « sur le point de se produire », ont-ils indiqué.
Une pandémie exacerbée
Toujours selon le rapport de Mighty Earth, ces incendies dans la région de l’Amazonie viendraient exacerber les impacts de la pandémie de COVID-19 qui a ravagé de nombreux pays, y compris le Brésil, où l’absence de mesures mises en place par l’administration du président d’extrême droite Jair Bolsonaro est venue empirer les choses. Le Brésil est d’ailleurs l’un des pays du monde les plus touchés par le virus.
Selon les chercheurs, les municipalités se trouvant dans les trois « points chauds » liés aux feux de forêt avaient recensé près de 48 000 cas de contamination au nouveau coronavirus en date du 16 août dernier, soit un taux d’infection équivalent au double de celui au sein de la population de l’ensemble du pays.
Les communautés locales imputent cela à l’industrie agricole, que ce soit en entassant les travailleurs dans des usines mal ou pas du tout désinfectées et nettoyées, ou encore en faisant brûler des arbres, ce qui provoquent des problèmes respiratoires, lit-on dans le rapport.
« L’an dernier, le Brésil a connu une forte hausse des hospitalisations et des morts pendant le plus fort de la saison des incendies. Les feux de cette année risquent fort d’empirer les problèmes de santé existants au sein des communautés, y compris ceux vécus en raison de la pandémie », mentionne Mighty Earth.
L’organisme réclame que les géants de l’alimentation et de la vente au détail cessent d’acheter des produits fabriqués par des compagnies qui accélèrent la déforestation. Mighty Earth affirme également que plusieurs engagements en ce sens sont pour l’instant demeurés sans effet.
« Les gens réclament des options durables, et veulent simplement que leur épicerie locale vende des produits qui encouragent la déforestation », a déclaré Mme Von Reusner.
« Jusqu’à ce que nous ayons droit à la transparence complète et la traçabilité des chaînes d’approvisionnement, la destruction inutile de l’Amazonie va se poursuivre. »