Ce vendredi 2 octobre, en webdiffusion, l’Orchestre symphonique de Montréal offrait à ses auditeurs un bien beau programme. Sous la baguette de Susanna Mälkki, les musiciens étaient réunis à la Maison symphonique, sans public. Ce qui, bien sûr, donne lieu à des scènes un peu surréalistes, comme quand la chef, puis l’orchestre saluent le public absent à la fin de chaque œuvre. Tout ça avait un air un peu triste, mais il suffisait de fermer les yeux pour apprécier la musique, la mélodicité de chacune des œuvres.
En ouverture, le Prélude à l’après-midi d’un faune de Claude Debussy. Une occasion pour la flûte d’Albert Brouwer de briller, ce qui n’a pas manqué de se produire. Mais, ce qui a manqué c’est sans doute un peu de chaleur, d’humanité, de tripes. On aurait dit que maestro Mälkki aurait eu besoin de réchauffer ses troupes. Faute de spectateurs dans la salle, il est difficile de s’imprégner de l’ambiance. Cette interprétation nous est effectivement apparue comme un prélude au plat de résistance.
On peut d’ailleurs dire que Mme Mälkki n’a pas résisté à l’envie de se laisser aller, de tout donner, pour rendre hommage au grand Schubert et à sa Symphonie no 8, D 759 en si mineur « Inachevée ». Sa lecture de l’œuvre, nous est cependant apparue un peu trop sérieuse, très cérébrale. Nous avons probablement assisté à un sans faute technique, mais peut-être cette interprétation aurait-elle gagné à venir davantage du cœur, malgré la fougue et la grandiloquence de la gestuelle de Susanna Mälkki.
Jusque-là donc, une prestation qui nous laissait sur notre faim. Mais il faut toujours se garder de la place pour le dessert. Et dessert, il y a eu. On aurait dit que tout le romantisme sous-jacent au Debussy et au Schubert se retrouvait dans la Siegfried-Idyll, WWV 103, de Wagner. Le plus pur hydromel, le plus beau chant d’oiseau, choisissez le superlatif de votre choix, la façon Mälkki-OSM de nous donner cette œuvre en cadeau est remarquable et mémorable. Voilà comment terminer un concert de belle façon.