On lui prête des intentions parfois malveillantes, ou du moins un désintéressement néfaste; ses pratiques commerciales font grincer des dents, notamment quand les créateurs sont confrontés à des changements soudains et coûteux. Et pourtant, lorsque vient le temps de s’informer, YouTube pourrait servir « d’égalisateur » pour les diverses plateformes médiatiques, révèle un récent sondage.
Selon une enquête effectuée par le Pew Research Center, la plateforme de vidéos en ligne appartenant à Google sert ainsi de source d’information pour un peu plus du quart (26%) des Américains interrogés. Et si bien peu de gens disent qu’il s’agit là de leur principale source de nouvelles, la plupart affirment qu’il s’agit malgré tout d’une méthode utile pour demeurer au fait de l’actualité.
Après avoir interrogé un peu plus de 12 500 adultes vivant au pays de l’Oncle Sam, le Pew Research Center propose des conclusions étonnantes: d’abord, les médias traditionnels sont bien présents dans les habitudes de visionnement des internautes, certes, mais ils ne représentent qu’un peu moins de la moitié (49%) des sources journalistiques sur YouTube.
Les médias indépendants occupent 42% du « marché », selon l’enquête, alors que les vidéos d’autres organisations sont consultées par 9% des visiteurs de YouTube.
Cette division est tirée d’un examen des 377 chaînes de nouvelles les plus populaires sur le service en ligne.
De façon plus intéressante encore, la proportion d’internautes se tournant fréquemment vers YouTube est la même lorsque vient le temps de consulter fréquemment une source d’information traditionnelle (ou des chaînes affiliées), ou des sources indépendantes, soit 23%. Cependant, un peu plus d’un sondé sur trois (36%) dit ne « jamais » consulter de médias indépendants, alors que cette proportion baisse à un sur quatre (25%) pour les médias traditionnels.
Il existe cependant certaines différences claires entre les chaînes des médias traditionnels et celles des médias indépendants, révèle le coup de sonde. D’abord, pendant la période examinée, soit le mois de décembre 2019, les premiers ont publié beaucoup plus de contenus que les seconds, soit 33 vidéos contre 12, en moyenne. Cependant, les capsules des médias indépendants étaient bien plus longues, à plus de 12 minutes, là encore en moyenne, comparativement à approximativement 5 minutes pour les chaînes traditionnelles.
Et lorsque vient le temps de s’appuyer sur des bases solides pour étayer l’information, les médias traditionnels ont davantage recours à une organisation structurée, soit généralement une structure similaire à celle existant déjà pour la télévision, les journaux ou la radio, par exemple (ou la même structure), tandis que les médias indépendants se reposent davantage sur la notoriété d’une personne spécifique, généralement quelqu’un qui a justement bâti un audimat sur YouTube.
En fait, ce sont carrément 77% des chaînes indépendantes qui ont recours à cette personnalité forte, alors que la stratégie ne sert que pour 22% des chaînes traditionnelles.
Malgré les différences, les internautes affirment très largement vivre une expérience positive lorsqu’ils veulent s’informer sur YouTube, 66% d’entre eux disant ensuite mieux comprendre les événements actuels, en plus de s’attendre très fortement (73%) à ce que les contenus visionnés soient exacts.
Une proportion de répondants similaire (68%) indique aussi que les vidéos sont suffisamment intéressantes pour ne pas qu’elles soient reléguées à une lecture d’arrière-plan.
Un site à problèmes
Les critiques ne manquent pas, toutefois, lorsque vient le temps d’évaluer la qualité du service fourni par YouTube. Que ce soit la limitation des revenus des créateurs, la dissémination de la désinformation, la censure, le biais politique, ou encore le ton employé pour discuter de l’actualité, bien des répondants jugent que tous ces enjeux sont problématiques sur la plateforme.
Moins d’un tiers des participants au sondage jugent toutefois que ces problèmes sont « majeurs ». Mais si l’on additionne tous les répondants jugeant ces enjeux au moins minimalement « problématiques », il appert qu’au moins 8 participants sur 10 considèrent que YouTube est grevé par ces enjeux plus que délicats.
Sans grande surprise, les républicains sont davantage portés que les démocrates à soutenir que la plateforme a des problèmes de censure de contenus, de démonétisation et de biais politique, et ce de façon très importante.
Par ailleurs, il existe un fossé important entre les médias traditionnels et indépendants lorsque vient le temps de traiter de certains sujets, notamment les théories de la conspiration.
Dans le cadre du sondage, tout indique que seuls les médias indépendants ont discuté de telles théories, alors que le sujet était pratiquement absent des ondes des médias traditionnels. En analysant près de 3000 vidéos publiées par les 100 principales chaînes d’information sur YouTube, le Pew Research Center a constaté que seuls 4% des vidéos abordaient la question des théories conspirationnistes, mais 14% des vidéos indépendantes abordaient principalement ce sujet, alors que 21% d’entre elles mentionnaient au moins ce sujet.
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