Catherine Neish compte les jours jusqu’à son lancement spatial. Si cette chercheuse spécialisée en géologie planétaire ne se prépare pas à quitter le plancher des vaches, elle joue un rôle essentielle dans le cadre d’une mission interplanétaire – envoyer un drone robotisé sur Titan, la lune de Saturne, pour tenter d’y trouver de la vie. Date du départ: 2027.
Pendant près de deux décennies, l’industrie spatiale s’est largement concentrée sur Mars, afin d’y trouver des traces des « matériaux de construction » des formes de vie. Il existe pourtant des mondes dynamiques, comme Titan, la lune de Saturne, qui pourraient pourtant abriter davantage de secrets biologiques que la planète Rouge.
Dans une récente étude publiée dans Astronomy and Astrophysics, Mme Neish, membre du Western’s Institute for Earth and Space Exploration, et ses collaborateurs à l’Agence spatiale européenne (ESA) ont utilisé des technologies d’imagerie avancées pour explorer Titan. Ils ont découvert que lorsque des cratères d’impact se forment sur la plus grande lune de Saturne, ils révèlent de « l’eau de fonte » relativement fraîche provenant de la croûte glacée de Titan.
Sur cette lune, les mécanismes atmosphériques viennent enterrer la glace sous une couche de matériau organique semblable à du sable. Dans les régions équatoriales sèches de Titan, ce sable s’accumule; mais à des latitudes plus importantes, qui sont aussi plus humides, des ruisseaux à la surface viennent éroder le sable.
Il est difficile d’évaluer ce qui se passe sous l’atmosphère épaisse de Titan – à moins, évidemment, d’avoir un spectromètre fonctionnant en lumière visible et en infrarouge, comme cela est le cas au sein de l’ESA, qui permet de recueillir la lumière visible aux humains, ainsi que la lumière infrarouge, le tout dans le cadre de la mission de la sonde Cassini, lancée par la NASA, l’agence spatiale américaine.
« C’est fou. Il n’existe aucun autre endroit comme Titan dans le système solaire. Il existe plus de sable par unité de surface, sur Titan, que partout ailleurs », mentionne Mme Neish.
« Titan possède un système météorologique. Il n’est pas si différent de celui de la Terre, d’une certaine façon. C’est simplement que les ingrédients sont complètement mélangés. Il y pleut du méthane, et ce même gaz ruisselle sous forme liquide à la surface, où le sable organique est transporté de tous côtés. Ledit système est encore tout à fait actif, comme cela est le cas ici, sur Terre. »
Ces conclusions pourraient s’avérer bénéfiques dans le cadre de la recherche d’anciens écosystèmes gelés dans le fond des cratères d’impact, et seront aussi essentielles lorsqu’il s’agira de se préparer à analyser des données et des techniques de surveillance pour la future mission du drone Dragonfly sur Titan.
Alors que l’intérêt envers Titan et d’autres mondes s’accroît, Mme Neish estime que le secteur spatial est prêt à fouiller au-delà de Mars pour y chercher des traces de vie, même si la planète Rouge demeure la destination de choix pour la NASA, l’Agence spatiale canadienne et les producteurs de films à sensations d’Hollywood.
« Je crois que de plus en plus, nous voyons une fausse équivalence entre la vie et Mars. Les récentes découvertes à propos de Vénus et tout ce que nous apprenons à propos du fait qu’il s’agissait autrement d’un monde océanique sont un autre pavé dans la mare », mentionne Mme Neish.
« Enfin, les gens se disent que pour trouver de la vie, il faut regarder partout, et non pas sur Mars. Et cela inclut la NASA, qui envoie la mission Dragonfly sur Titan. »