Après s’être aventuré dans des territoires qui lui étaient moins familiers, l’éternel fanfaron romantique qu’est le cinéaste Emmanuel Mouret a décidé de retourner à ses premiers amours. La mélancolie encore plus appuyée que précédemment et le savoir-faire et le confort vont cependant lui jouer quelques tours, dans son film Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait.
Cela fait longtemps qu’Emmanuel Mouret nous séduit à tout coup à chacun de ses films, et, s’il se met beaucoup moins en vedette, c’est pour mieux se concentrer sur sa réflexion entièrement basée sur l’amour et sur le couple. Il s’agit tout de même de son dixième long-métrage en deux décennies! Ainsi, avec l’envie de nous faire rire à nouveau et réinvoquant avec modernité le marivaudage et les comédies de remariage, il y a néanmoins des airs de déjà vu qui se ramènent un peu au passage.
Certes, la distribution s’avère impeccable et il continue de soutirer le meilleur de tous ces visages pour la plupart entièrement nouveaux à son univers. Difficile de résister aux nombreux Camélia Jordana, Guillaume Gouix, Julia Platon Émilie Dequenne et autres Vincent Macaigne qui se nourrissent avec brio des mots et des situations de Mouret, surtout qu’il sait toujours comment mettre judicieusement en valeur les contreparties féminines.
Toutefois, jouant encore sur la narrativité, sur les récits et sur ces narrateurs qui nous racontent ce qu’on découvre à l’écran, il manque ce petit je-ne-sais-quoi de plus concluant pour que l’ensemble fonctionne plus concrètement qu’un assemblage de récits approchant le film à sketchs, comme il l’avait fait auparavant avec L’art d’aimer.
Bien sûr, en s’entichant d’un certain protagoniste en la personne de Niels Schneider qui évite à sa manière de trop ressembler à un avatar de son auteur (comme Woody Allen le fait si souvent), il évoque sans mal son sublime Un baiser s’il vous plaît. Et si sa plus récente œuvre évoque un regard beaucoup plus mature sur l’union et le désir entre deux ou plusieurs personnes, le rire y est beaucoup plus amer.
Il n’en demeure pas moins que cette nouvelle œuvre charme beaucoup et fait du bien, tout en poussant le spectateur à réfléchir longuement sur l’amour. Divaguant sur l’infidélité, l’indécision, la gêne, le voilà qu’il passe par bien des chemins pour s’égarer dans des complexes qui donnent du fil à retordre à ce qui est pourtant si simple.
Avec des œuvres qui s’étirent de plus en plus, il faut néanmoins admettre que Mouret semble perdre un peu la force du rythme qu’il a certainement mieux maîtrisé par le passé.
Sans être son œuvre synthèse, Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait ressasse allègrement beaucoup de ses thèmes habituels et si le ton a quelque peu changé, il n’y a pas toujours pleine justification pour s’étirer autant sur des petits riens. Et puis il y a encore et toujours cette dose de prétention et à tendance intellectuelle qui frôle par moment le ridicule comme ces clins d’œil au cinéma et la création via un documentaire fictif (sur le couple!) qui semble d’un ennui singulier.
N’empêche, cette nouvelle œuvre de Mouret ravira ses fans de la première heure qui sauront y retrouver tout ou presque de ce qu’ils ont toujours su aimer chez le cinéaste.
6/10
Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait prend l’affiche en salles le vendredi 2 octobre.