Pour sauver le climat terrestre, mais en préservant « seulement » la moitié des terres de la planète: un nouveau rapport, récemment publié dans Science Advances, fait état d’une proposition hors de l’ordinaire, soit celle de créer un « filet de protection » mondial, à l’aide de différentes techniques de cartographie, afin de mieux préserver les territoires, mais aussi les écosystèmes qui sont menacés par les changements climatiques.
Ce faisant, plaident les chercheurs, il serait possible d’inverser les pertes en matière de biodiversité, ainsi que de stabiliser le climat terrestre, pour l’instant engagé dans une tendance de réchauffement, ce qui entraîne déjà une aggravation et une multiplication des phénomènes climatiques et météorologiques extrêmes, le tout avec des conséquences dévastatrices.
Le rapport évoque ainsi la nécessité de protéger 50,4% de l’ensemble des terres émergées de la planète. Fruit de deux ans de travaux, l’étude s’appuie sur de nombreux ensembles de données portant sur la géographie, la géologie et d’autres informations liées aux écosystèmes vivant dans les diverses régions de la Terre. Au total, les scientifiques sont parvenus à un objectif de protection et de conservation bien plus important que les 15,1% de terres faisant actuellement l’objet d’une protection quelconque.
En tout, cinq « couches » ont été superposées sur des « tuiles » de 1 km de côté: les sites contenant des espèces en nombre réduit, les zones à forte concentration de biodiversité, les lieux abritant des mammifères de grande taille, les espaces sauvages intacts, ainsi que les espaces de stabilisation climatique.
Dans ses conclusions, le rapport précise que 35,3% supplémentaires de terres doivent être conservées pour protéger des sites d’une importance particulière en matière de biodiversité et d’écosystèmes. Quelque 50 « écorégions » et 20 pays contribuent de façon disproportionnée à ce total, soulignent les scientifiques.
Et parmi les objectifs à accomplir d’urgence, on trouve la nécessité de protéger une proportion de 2,3% des zones terrestres de notre planète; une portion congrue, certes, mais c’est là où l’on trouve les espèces risquant le plus de disparaître rapidement. Leur conservation est donc essentielle, avance-t-on.
« Des mailles essentielles »
Selon Eric Dinerstein, qui est rattaché à l’organisation de recherche RESOLVE, l’une des institutions ayant participé aux travaux, « il s’agit de la première carte numérique de son genre qui permet de créer un « plan » pour sauver la vie sur Terre ».
« Le tout s’appuie sur le réseau actuel de zones protégées, mais on y rattache des lieux actuellement sans protection qui permettent de conserver la richesse biologique de la planète. En liant ces lieux avec des corridors destinés à la vie sauvage, cela crée les mailles essentielles d’un véritable filet de protection, un filet qui peut nous défendre contre de futures pertes en matière de biodiversité et les prochaines pandémies en préservant des habitats où les maladies animales ont de fortes chances de se transmettre à l’humain. »
Les chercheurs ont également établi des taux de captation possible du dioxyde de carbone, ce gaz notamment rejeté par les automobiles, et qui contribue fortement à l’effet de serre, et donc au réchauffement climatique mortellement dangereux pour notre civilisation et la planète entière.
Parmi les zones mises de l’avant afin de les inclure dans les un peu plus de 50% de terres à protéger, on note quantité de territoires autochtones. Au total, quelque 846 « écorégions » sont recensées à la surface du globe.
De son côté, Anup Joshi, de l’Université du Minnesota, qui a aussi participé aux travaux, rappelle l’importance des zones boisées pour capter les gaz à effet de serre. « La séquestration du carbone est essentielle pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris. Le filet de protection a révélé que le quart des zones terrestres de la planète sont boisées, mais que seuls 28% de ces espaces sont protégés. Protéger le reste des forêts, qui contiennent plus de 1300 milliards de tonnes de carbone, est vital pour maintenir l’équilibre de notre système climatique mondial. »