C’est avec émotion, jeudi soir dernier, que Madame Isolde Lagacé, directrice générale de la Salle Bourgie, accueillait les mélomanes enfin de retour dans la très belle salle du Musée de Beaux-Arts de Montréal. Mesures sanitaires obligent, le public était très dispersé, mais il était surtout très attentif.
Au lieu de la fébrilité à laquelle nous nous serions attendus, c’est plutôt une atmosphère de recueillement qui régnait dans la salle tout au long de l’exécution des deux œuvres au programme, le Quatuor à cordes no.2, opus 50, de Jacques Hétu et le Quatuor no.9 en do majeur de Beethoven, opus 59 no. 3 « Razoumovski ».
Tous équipés d’un couvre-visage, les membres du Nouveau Quatuor à cordes Orford se sont installés avec leurs partitions sur tablette et ont semblé se retirer dans leur bulle tant ils étaient imprégnés de la nature de l’œuvre de Hétu. Un premier mouvement très introspectif invitait au respect et à la retenue.
Alors que le deuxième mouvement débordait d’intensité et de fougue, le dernier mouvement était teint de nostalgie.
Malgré un choix discutable de la façon d’interpréter certains pizzicatos au violoncelle, le Hétu a été beaucoup plus que rendu, il a vraiment été interprété et nous laissera un souvenir durable.
Dès le début du premier mouvement du quatuor de Beethoven, la similarité est frappante. En effet, les premières mesures, pleines de retenue et absolument avant-gardistes pour l’époque, pavent la voie de façon évidente à l’œuvre de Hétu.
Voilà une excellente combinaison pour ce programme exécuté sans entracte. Mais là, disparue, la bulle. L’intensité, la profondeur et la fougue de l’interprétation sont allées chercher chacun des spectateurs un par un, pour les amener sur scène, en pensée et en émotions.
Si Jacques Hétu a été influencé par Beethoven, ce dernier l’a sûrement été par son prédécesseur Vivaldi et peut-être bien par son contemporain Paganini.
Quoi qu’il en soit, le Quatuor à cordes présenté jeudi soir est une œuvre complète, joyeuse et colorée. Les musiciens du Nouveau Quatuor à cordes Orford n’ont pas manqué de nous le démontrer et la meilleure chose qui puisse arriver aux auditeurs présents ce soir-là qui les ont copieusement ovationnés, c’est de les entendre à nouveau.