De tous les pays du monde, ce sont les États-Unis qui ont le moins bien géré la pandémie de COVID-19, révèle un nouveau sondage international effectué par le Pew Research Center. Le rapport de ce coup de sonde planétaire est publié la même journée où l’administration Trump franchit la barre des 200 000 morts des suites de la maladie.
La conclusion du sondage s’inscrit dans un contexte plus large où les participants étaient invités à se prononcer sur leur opinion par rapport à l’image des Américains. De fait, au cours de la dernière année, la réputation des Américains a continué de décliner à l’étrange; dans certains des 13 pays consultés, les États-Unis n’ont jamais eu aussi mauvaise presse depuis que le coup de sonde est effectué, soit depuis une vingtaine d’années.
Ainsi, chez l’un des alliés les plus proches des États-Unis, le Royaume-Uni, seuls 41% des répondants ont un avis favorable des États-Unis; en France, ce taux passe à 31% seulement. Cela correspond au creux des tensions entourant la deuxième Guerre en Irak, en mars 2003. Les Allemands, eux, ne sont que 26% à voir les Américains de façon positive. Là encore, ce résultat est presque identique à celui du coup de sonde de mars 2003, au moment où le président George W. Bush cherchait à bâtir une coalition pour renverser Saddam Hussein.
Chez le voisin canadien, 35% des participants ont un avis positif du pays de l’Oncle Sam. Il faut se tourner vers la Corée du Sud (59%), l’Italie (45%) et le Japon (41%, identique au Royaume-Uni), pour trouver les opinions les plus favorables aux États-Unis. À l’inverse, les Belges ferment la marche des 13 peuples ayant contribué au coup de sonde, avec seulement 24% d’opinions positives des États-Unis.
Cependant, aucun pays ayant participé au sondage n’a d’opinion majoritairement positive du président Donald Trump, dont la cote de popularité va des tréfonds en Belgique, à 9%, à un piètre 25%, au Japon.
Une bonne part de cette insatisfaction découle de la gestion catastrophique de la pandémie par les autorités américaines, notamment par M. Trump.
En fait, dans l’ensemble des 13 pays, les personnes ayant répondu au sondage sont seulement 13%, en moyenne, à juger que Washington s’est bien tirée d’affaire dans la crise sanitaire sans précédent qui a fait plonger l’économie mondiale, contaminé environ 30 millions de personnes et tué un peu moins d’un million d’individus. Au Canada, cette proportion s’établit à 16%. Par comparaison, une moyenne de 74% des répondants estiment que leur propre pays a fait du bon travail, 64% pensent que l’Organisation mondiale de la santé a bien agi, 57% jugent que l’Union européenne a fait de même, mais seulement 37% croient que la Chine a elle aussi bien géré la crise.
Pékin a notamment supposément dissimulé un grand nombre de cas, et potentiellement de décès, en plus d’imposer un confinement particulièrement sévère qui aurait plus fortement ciblé certaines minorités, plutôt que d’autres. L’incapacité des autorités chinoises à stopper la propagation de la maladie avant les fêtes du Nouvel An chinois, au cours desquelles plusieurs centaines de millions de Chinois voyagent à l’intérieur et à l’extérieur du pays, dont à Wuhan, l’épicentre de l’épidémie, est aussi considérée comme un événement qui a grandement accéléré la dissémination du nouveau coronavirus.
Le Canada et l’Obamania
Si la dégringolade des États-Unis dans l’opinion publique s’est poursuivie, voire accélérée depuis l’élection de Donald Trump, le phénomène est particulièrement frappant chez l’allié et voisin canadien. Si l’avis de la population par rapport aux États-Unis dans leur ensemble est demeuré relativement stable jusqu’en 2017, où la chute a été brutale, la confiance envers l’occupant de la Maison-Blanche est passé de 28%, lors de la dernière année au pouvoir du président Bush, avant de bondir à 88% lorsqu’Obama a pris ses fonctions. Cette confiance n’a jamais vraiment fléchi pendant les huit années suivantes, mais dès 2017 et la prise de pouvoir du bouillant milliardaire, ce taux a plongé, pour atteindre 22%.
Une situation similaire est facile à constater en Allemagne, mais aussi en Corée du Sud: si l’image positive des États-Unis demeurait relativement élevée et stable, ou prenait du mieux sous Obama, la confiance envers le président, elle, partait d’un plancher, à la fin de la présidence Bush, pour atteindre des taux stratosphériques sous M. Obama, avant de tomber pratiquement à zéro au départ de celui-ci.