Un manuscrit secret, un éditeur assoiffé de pouvoir et un groupe de gens enfermés dans un bunker: tout se mélange et se téléscope dans Les Traducteurs, un drame et thriller mettant en vedette l’irremplaçable Lambert Wilson, ainsi qu’Olga Kurylenko et une poignée d’acteurs connus qui s’échangent la réplique dans ce long-métrage audacieux.
Wilson, dont la capacité à cabotiner n’a d’égale que sa force lorsqu’il est question de jouer les méchants surdimensionnés, joue donc cet éditeur en possession du plus que convoité troisième tome de la série Deadalus une trilogie dont les deux premiers volumes ont déjà permis d’engranger des centaines de millions, voire des milliards.
Et pour assurer la réussite de la sortie de l’ultime tome, Wilson recrute une série de traducteurs qui s’occuperont de rédiger le texte dans leur langue natale à partir du français original, et ce en même temps. Pour l’occasion, les voilà tous enfermés dans un gigantesque bunker creusé sous un château français. Comme on pouvait s’y attendre, quelque chose, ou plutôt plusieurs choses se mettront à tourner mal, et le film s’enfoncera dans le drame, dans l’excès et dans une série de revirements de situation qui pourront soit complètement séduire le public, soit le laisser sur sa faim; pas question d’avoir des demi-mesures, ici.
C’est d’ailleurs cette volonté de foncer à cent à l’heure, de multiplier les détours et les surprises, d’augmenter l’intensité « jusqu’à 11 », comme dans l’iconique This is Spinal Tap, qui fait de Les Traducteurs un film à part. Il aurait été plus que possible, après tout, de seulement se concentrer sur un ou deux des divers aspects abordés durant le film. La matière est là, et les acteurs sont tous suffisamment compétents pour soutenir un film au rythme plus lent, histoire, notamment, de lancer une discussion sur le métier de traducteur, sur le surmenage, sur le culte de la personnalité dans le milieu de l’édition, ou encore sur l’attrait du pouvoir et de l’argent.
Sidse Babett Knudsen, que l’on a notamment pu voir dans Westworld et dans Borgen, est ici malheureusement sous-utilisée, coincée qu’elle est au sein d’un groupe d’une dizaine de personnages. Et le développement accordé à son rôle vient hélas se noyer dans la masse.
Pourtant, Les Traducteurs est tout sauf une foire d’empoigne: on y retrouve un fil conducteur clair, l’action est haletante – rendre haletant un film sur le milieu littéraire, il faut le faire! –, et on est pratiquement scotchés sur le bout de notre siège en tentant d’imaginer ce qui pourra bien se passer d’ici la fin du long-métrage.
Le film aurait toutefois gagné en clarté et en crédibilité si on l’avait amputé d’un ou deux sous-scénarios; d’autant que des détours du scripts sont annulés, en fin de compte, par d’autres revirements de situation. Écouter Les Traducteurs en y recherchant un sérieux sans faille est donc s’engager sur une mauvaise voie. Autrement, l’expérience est agréable, parfois surprenante, autrement rigolote, ou même impressionnante. À voir.