Plusieurs fabricants de montres intelligentes, bracelets connectés et autres accessoires du même acabit, assurent que leurs produits pourraient s’avérer utiles pour détecter les premiers symptômes de la COVID-19. Ils n’ont peut-être pas tort, constate le Détecteur de rumeurs.
De tels objets connectés génèrent d’ores et déjà un flot régulier de données biométriques. On estime qu’environ un Canadien sur quatre possède au moins un « objet connecté », grâce auquel il aurait —s’il l’utilisait à cette fin— la possibilité de suivre au jour le jour, voire en temps réel, l’évolution de sa santé. Une hausse du pouls au repos peut par exemple indiquer à l’utilisateur que quelque chose ne tourne pas rond dans son système, et le pousser à consulter un médecin.
Des scientifiques s’intéressent à la possibilité que ces gadgets puissent être utilisés pour détecter une contamination à la Covid-19, tout particulièrement chez les porteurs qui ne présentent pas de symptômes. Au moins six études sont actuellement en cours, entre autres à l’Université Duke, en Caroline du Nord, de même qu’à l’Institut Scripps et à l’Université Stanford, tous deux en Californie.
Ainsi, une équipe de l’Institut Scripps, un centre de recherche biomédicale, veut déterminer si des variations du rythme cardiaque, des cycles et phases du sommeil, de la température corporelle ou des cycles respiratoires (ventilation), peuvent servir à repérer les personnes contagieuses, en l’absence de symptômes apparents. À travers le projet Detect, les propriétaires d’objets connectés de marques Apple, Fitbit et Garmin, sont invités à participer à la recherche : plus de 30 000 personnes se sont portées volontaires jusqu’ici.
En Allemagne, l’Institut Robert-Koch a de son côté lancé, ce printemps, une application dont l’objectif est d’aider à endiguer la COVID-19. Corona-Datenspende récupère des données générées par des objets connectés, comme la température corporelle, puis les met à la disposition des autorités de santé publique. Celles-ci peuvent ensuite y recourir pour retracer les porteurs du virus, symptomatiques ou non, et leurs contacts —le fameux « traçage » des contacts est l’un des fondements d’une réponse efficace aux épidémies, selon l’Organisation mondiale de la santé. Plus d’un demi-million d’Allemands ont téléchargé l’application.
Premiers résultats encourageants
En Australie, la jeune compagnie Whoop, en collaboration avec des chercheurs de l’Université Central Queensland, a pour sa part annoncé en juin être en mesure de repérer 20 % des cas, deux jours avant que les premiers symptômes de la Covid-19 n’apparaissent. Elle se base sur une analyse rétrospective des données fournies par 271 utilisateurs qui avaient contracté la maladie. Son bracelet connecté pour sportifs détecte les variations à la hausse de la ventilation —plus de cycles respiratoires par minute— induites par une infection au nouveau coronavirus. Une étude publiée en mai avait conclu que cette technologie mesure presque aussi bien la fréquence respiratoire qu’un appareil médical conçu à cette fin.
De tels résultats, liés spécifiquement à l’actuelle pandémie, sont encore rares, mais des recherches similaires avaient été menées bien avant. L’Institut Scripps avait par exemple conclu que les bracelets Fitbit sont en mesure de prédire l’arrivée de syndromes grippaux, dans une étude publiée en janvier dans la revue scientifique The Lancet et basée sur des données recueillies entre 2016 et 2018. Par ailleurs, en 2017, une étude parue dans PLoS Biology – réalisée par l’équipe de l’Université Stanford – concluait que les objets connectés fournissaient des données suffisamment précises pour être utilisées dans un contexte de suivi de santé.
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