Si chaque pays de la planète a mis au point son propre plan d’intervention contre la COVID-19, avec un succès plus ou moins important, le cas échéant, une vaste enquête réalisée par le Pew Research Center révèle que les habitants d’une série de pays industrialisés se disent satisfaits des mesures mises en place par leur gouvernement. Ces participants soutiennent toutefois que leurs concitoyens sont aussi plus divisés que jamais en raison de l’éclatement de la crise sanitaire.
Au total, les répondants jugent, dans une proportion de 73%, que leur gouvernement a accompli un bon travail dans le combat contre le nouveau coronavirus. Jusqu’à maintenant, plus de 25 millions de personnes ont été contaminées de par le monde, et plus de 840 000 en sont mortes.
Parmi les 14 pays retenus pour l’étude, on compte les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Suède, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie, l’Allemagne et le Danemark. Les Pays-Bas, l’Italie et la Belgique sont aussi dans cette liste, ainsi que le Canada.
C’est d’ailleurs au Canada que l’on retrouve l’un des plus hauts taux de satisfaction par rapport à l’action gouvernementale, qu’il s’agisse du gouvernement Trudeau, à l’échelle fédérale, ou du côté des gouvernements provinciaux, territoriaux, ou encore municipaux. Ainsi 88% des participants canadiens ont dit être satisfaits par les plans publics pour combattre la pandémie.
Ce taux est le même chez les répondants allemands, tandis qu’il baisse très légèrement, à 87%, aux Pays-Bas, et à 86% en Corée du Sud. Ce pays est d’ailleurs l’un des premiers à avoir été touchés par la maladie, après la Chine, et là où le gouvernement a imposé certaines des restrictions les plus strictes des pays industrialisés du monde, notamment avec l’utilisation d’une application de notification pour mieux suivre les possibles malades et avertir les citoyens ayant été possiblement exposés au virus.
Seuls l’Australie (94% de satisfaction) et le Danemark (95% de satisfaction) dépassent ces pays au classement du Pew Research Center.
Économies fortes, gouvernements inefficaces
À l’opposé du spectre, on retrouve deux pays pourtant considérés comme étant certaines des économies les plus puissantes de la planète. Au Royaume-Uni, l’indécision du gouvernement Johnson et sa lenteur à agir ont largement déçu la population; ses participants à l’enquête jugent, à seulement 44%, que la réponse du 10, Downing Street a été efficace. Quelque 54% des répondants pensent plutôt que l’État n’a pas agi de façon satisfaisante pour contrer la COVID-19, et ce malgré la présence de NHS, le réseau de santé public.
Le Royaume-Uni a notamment largement tardé, contrairement aux autres pays d’Europe, à imposer un confinement et à obliger ses habitants à porter un masque, notamment, ou encore à fermer les commerces, les restaurants et les bars.
L’autre pays, les États-Unis, était déjà grevé par un système de santé largement privé et inabordable pour plusieurs millions de personnes. L’incapacité de l’administration Trump, qui a d’abord considéré la pandémie comme une « fraude » de ses adversaires démocrates, avant de multiplier les déclarations trompeuses ou mensongères sur la maladie, à s’attaquer efficacement à la COVID-19 a fait en sorte que 180 000 Américains sont morts des suites de la maladie, pour un total de 6 millions d’infection. Ce faisant les États-Unis, qui possèdent la plus grande économie de la planète, sont devenu le pays à compter le plus grand nombre de cas et le plus de décès au monde. Là-bas, malgré tout, 47% des répondants ont estimé que les pouvoirs publics avaient fait du bon travail, contre 52% jugeant au contraire que les gouvernements n’avaient pas agi efficacement.
En fait, la division de la population américaine sur la question de la lutte contre la pandémie reflète le fossé politique, alors que la gestion de la crise sanitaire est depuis longtemps un enjeu politique, mais qui n’a fait que gagner en importance, à un peu plus de deux mois de l’élection présidentielle.
Une population divisée
Toujours selon le Pew Research Center, il n’existe pas de consensus, chez les participants, à savoir si la pandémie a permis d’unir la population.
En moyenne, 46% des répondants jugent que leur pays est plus uni, tandis que 48% des participants croient plutôt qu’il est plus divisé qu’avant l’éclatement de la crise sanitaire.
Paradoxalement, les Canadiens jugent être plus unis, du moins selon 66% des répondants, contre 29% qui pensent le contraire, tandis qu’au sud de la frontière, cette proportion est plus qu’inversée: 18% seulement des répondants américains estiment que leur pays est plus uni, alors que 77%, soit plus des trois quarts des participants, croient que les États-Unis sont plus divisés qu’avant la crise.
En Europe, l’enquête a révélé que les partisans de l’extrême droite étaient davantage portés à estimer que leur pays était plus divisé depuis l’éclatement de la pandémie.
Le phénomène est particulièrement important en Allemagne, où 75% des partisans du parti néonazi Alternative pour l’Allemagne (AfD) disent que leur pays est plus divisé, comparativement à 51% des autres répondants allemands.
Une manifestation « anti-masque » soutenue par l’AfD a d’ailleurs tourné à la tentative d’intrusion dans l’enceinte du Reischtag, le parlement allemand, samedi, par des partisans de cette formation politique d’extrême droite. Le geste a été très largement dénoncé par la classe politique allemande, dimanche.
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