La famine tuera plus de personnes dans le monde quotidiennement que la COVID-19 d’ici la fin de l’année et les pays industrialisés pourraient ne pas être épargnés.
C’était ce que concluait en juillet un rapport publié par l’organisme à but non lucratif Oxfam. Selon ce rapport, la pandémie poussera 122 millions de personnes supplémentaires dans la famine. Cela pourrait représenter, à la fin de l’année, 12 000 décès par jour à travers le monde, soit davantage que la pandémie lorsqu’elle était à son point culminant en avril dernier.
On doit en partie cette aggravation de la situation à la fermeture des frontières et aux restrictions de voyages, qui ont notamment freiné l’apport d’aide humanitaire dans les pays qui en avaient grandement besoin, comme le Yémen et l’Afghanistan. Le rapport, The Hunger Virus, explique d’ailleurs que la pandémie a poussé un million d’Afghans vers la famine, portant le total à 3 millions en mai dernier.
Les restrictions de voyages et la maladie ont aussi freiné les récoltes un peu partout, diminuant l’approvisionnement en nourriture dans le monde.
Oxfam avertissait de plus que certains pays émergents commençaient déjà à être touchés par des éclosions de famine aggravées par la pandémie, comme l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud.
Toutefois, le rapport rappelle que des impacts se feront également sentir dans certaines régions des pays industrialisés. Les banques alimentaires aux États-Unis ont fait face cet été à une demande grandissante alors que la pandémie, là-bas, ne semblait pas vouloir ralentir. L’organisme à but non lucratif Feeding America prévoyait en juillet qu’un Américain sur six pourrait connaître la faim comme conséquence de la pandémie.
Le modèle d’agriculture industrielle n’est pas approprié pour nourrir des millions de personnes vivant dans la pauvreté, dénonce par ailleurs Oxfam. L’organisme explique que le système avantage les compagnies les plus riches, qui versent des milliards à leurs actionnaires au détriment des plus petits producteurs.
Enfin, entre pertes d’emplois et de revenus, la pandémie pourrait pousser jusqu’à un demi-milliard de personnes dans la pauvreté en 2020, craignait Oxfam dans un autre rapport déposé dès avril —en plus de forcer les pays à revoir leurs objectifs de développement durable, qui incluent la lutte à la pauvreté.
Un rapport des Nations Unies, préparé avant la pandémie mais publié en avril, rapportait que la famine dans le monde était déjà à la hausse en 2019 et que cette tendance était déjà vouée à se maintenir en 2020. Le 13 juillet, l’organisation indiquait pour sa part que la pandémie pourrait forcer 83 à 132 millions de personnes supplémentaires dans la famine, portant le total à 690 millions, ce qui en ferait une des pires crises alimentaires depuis 50 ans.