Les fruits et légumes ont beaucoup changé depuis que nous avons commencé à les cultiver, il y a des milliers d’années. Ils sont devenus plus gros, ont un goût plus sucré, contiennent moins de pépins… Mais écrire cette histoire n’a jamais été une tâche facile. L’art pourrait-il y aider?
Jusqu’ici, les scientifiques parlaient de cette évolution à travers des traces archéologiques de plantes anciennes, incluant des fragments d’ADN. Ils ont également épluché d’anciennes oeuvres littéraires et des documents historiques, à la recherche de descriptions de ce que mangeaient nos ancêtres.
Mais ces stratégies ne fournissent pas d’images des aliments d’autrefois. Un grand nombre d’œuvres d’art mettent toutefois en scène des fruits et des légumes, soulignent des chercheurs belges dans un article paru en juillet, où ils se demandent jusqu’à quel point on peut se fier à ces représentations.
Par exemple, avant 1764, les fraises représentées dans les oeuvres d’art étaient toujours de petites fraises des champs. En effet, les gros fruits juteux que nous consommons maintenant sont le résultat de l’hybridation de deux espèces il y a seulement 250 ans.
Le blé est également présent dans plusieurs œuvres d’art, de l’Antiquité à nos jours. Les scientifiques ont remarqué que jusqu’à la première moitié du 20e siècle, les plants de blé étaient beaucoup plus grands que ceux cultivés aujourd’hui. Les progrès de l’agriculture auraient favorisé des plants plus petits, mais plus performants.
Vers une recension des oeuvres alimentaires
Reste que l’un des défis est de vérifier la crédibilité d’une peinture. Par exemple, Picasso a peint plusieurs toiles contenant des fruits. Cependant, son style ne permet pas d’en avoir une vision juste. Au contraire, les artistes flamands du 17e siècle sont reconnus pour porter une attention particulière aux détails.
Une façon de confirmer que la représentation d’un aliment est bien fidèle à la réalité? Elle rappelle la technique des chasseurs de fausses nouvelles d’aujourd’hui: il faut diversifier ses sources. En l’occurrence, il faut comparer une oeuvre à celle d’autres artistes.
Autre difficulté pour ces scientifiques: identifier les œuvres qui sont d’intérêt pour leur recherche. Car le « classement » laisse souvent à désirer, rapporte le Smithsonian Magazine. Par exemple, des fruits sont présents dans un tableau de Frans Snyders datant du 17e siècle. Toutefois, dans les catalogues, la peinture est appelée simplement « Nature morte avec singes ». Enfin, plusieurs œuvres ne sont pas accessibles puisqu’elles font partie de collections privées.
Les chercheurs font donc appel au public (mot-clic: #ArtGenetics) : prenez en photo les œuvres avec des fruits ou des légumes lors d’une prochaine visite dans un musée ou un lieu touristique. Ils espèrent ainsi créer une base de données ouverte à tous… qui aiderait à mieux connaître l’apparence de ces fruits et légumes du passé, mais qui aiderait aussi à mieux évaluer si leur utilisation était répandue à une certaine époque. Ou à quel moment ils ont fait leur apparition dans nos assiettes.
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