Alors que le pétrole fuyait d’un navire échoué le 25 juillet au large de l’île Maurice, les habitants ont été invités à faire don de leurs cheveux pour lutter contre la nappe noire qui menaçait leurs rivages. Idée loufoque ou véritable solution? Le Détecteur de rumeurs a vérifié.
Les cheveux humains ainsi récoltés sont insérés dans des bas ou autres contenants faits de tissu absorbant. Ces petits paquets sont ensuite glissés dans des boudins flottants utilisés pour faire barrage au pétrole et l’empêcher d’atteindre les zones à protéger —et ces barrières perméables absorberaient aussi une partie du pétrole, assure l’organisme environnemental américain Matter of Trust qui effectue des récoltes de cheveux et de poils d’animaux.
Désormais brevetée, l’idée d’utiliser les cheveux comme éponge à pétrole vient de Phil McCrocy. Dès 1989, ce coiffeur de l’Alabama avait avancé l’idée que la forte capacité d’absorption d’huile des cheveux humains pouvait être utile pour contenir la propagation d’hydrocarbures.
Selon les experts, un kilo de cheveux permettrait d’absorber jusqu’à 8 litres d’hydrocarbures.
Il y a absorption (avec un B), mais il y a aussi adsorption (avec un D). On parle d’adsorption lorsque des molécules de gaz ou de liquides mises en contact avec un matériau solide —comme un cheveu— adhèrent à sa surface. Au contraire de l’absorption, où les molécules pénètrent et s’incorporent.
En 1998, la Direction de la chimie environnementale et analytique de la NASA a ainsi effectué des tests d’adsorption d’huile par les cheveux humains. L’expérience a été réalisée pour cinq densités de cheveux, dans un environnement d’huile et d’eau. Dans tous les cas, un gramme de cheveu adsorbait environ cinq grammes d’huile.
Quant à la technique des boudins remplis de cheveux, elle avait été utilisée pour tenter de contenir le pétrole qui s’échappait des puits de forage de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, dans le golfe du Mexique en 2010. Une collecte de cheveux et de poils d’animaux avait alors été organisée pour confectionner des boudins devant contenir et recueillir une partie des 800 000 litres de pétrole.
Une étude publiée en 2011 dans Biotechnology Progress ajoutait à cela que des bactéries pourraient être attachées à des tapis de cheveux humains dans le but de capturer et décomposer une large gamme d’hydrocarbures trouvés dans le pétrole.
En 2018, une étude publiée dans le Journal of Environmental Management a conclu que les barrages contenant des cheveux humains étaient plus efficaces pour adsorber le pétrole brut que ceux contenant des sous-produits du coton ou de la cellulose recyclée. Les cheveux se révélaient cependant moins efficaces que les barrages fait de polypropylène synthétique.