Les Facebook, Twitter et autres WhatsApp de ce monde censurent-ils les propos politiques en ligne? La question se pose, notamment aux États-Unis, où la notion de liberté d’expression a bien souvent le dos large, et où la prochaine élection présidentielle, dans un peu plus de deux mois, se joue notamment sur le terrain de la « censure » des points de vue conservateurs. Un récent sondage démontre d’ailleurs que la quasi-totalité des électeurs républicains américains croit que leurs idées sont censurées en ligne.
Le coup de sonde en question, réalisé par le Pew Research Center, est clair: 90% des participants se disant d’obédience républicaine accusent les grandes entreprises technologiques de museler leurs points de vue sur internet. Cette proportion est en légère hausse depuis 2018, alors qu’elle s’établissait à 85%. De leur côté, les participants se disant démocrates estiment à 59% que les géants du web censurent intentionnellement les points de vue politiques qu’ils considèrent comme inconvenants, une baisse comparativement à 62% d’opinion similaire il y a deux ans.
Les craintes des républicains ont par ailleurs largement été récupérées par le président sortant, Donald Trump, qui bien qu’il profite très largement des principales plateformes numériques pour faire passer son message – cette stratégie peu onéreuse avait très bien fonctionné lors de la campagne de 2016 – s’en prend régulièrement à ces mêmes compagnies, les accusant de « censurer les républicains » et de « chercher à nuire à sa réélection ». Récemment, M. Trump a même soutenu que la liste des sujets populaires, sur Twitter, était « faussée », histoire de lui être défavorable. « Est-ce illégal? », s’est-il demandé… dans un tweet, sans indiquer s’il comprenait que ces sujets sont calculés par un algorithme qui recense simplement les mots-clics comportant le plus de mentions.
Dans ce qui pourrait apporter de l’eau au moulin des détracteurs des grands réseaux sociaux, ceux-ci ont, sous le coup des critiques les accusant de mollesse face aux propos incendiaires du président, de ses principaux appuis et de certains membres de son administration, ont finalement commencé à masquer ou effacer certains messages qui contrevenaient aux règles, notamment sur la question des informations incitant à la haine ou colportant des faussetés.
Au total, le sondage porte à croire que près des trois quarts des Américains adultes jugent qu’il est fort (37%) ou probablement (36%) possible que Facebook, Twitter et les autres censurent des points de vue politiques. Seuls 25% des répondants pensent que cela n’est pas probable.
Chez les républicains, plus précisément, 69% des participants à l’enquête estiment que les points de vue plus progressistes et libéraux sont favorisés, ce qui ne trouve écho que chez 25% des répondants démocrates.
Et la mésentente entre les camps politiques ne s’arrête pas là: les deux groupes sont presque diamétralement opposés lorsque vient le temps de déterminer si les plateformes devraient effectuer de la vérification des faits, les républicains jugeant à environ 70% que ces compagnies devraient s’abstenir, alors qu’environ la même proportion de démocrates pensent le contraire.
De fait, la moitié (50%) des répondants républicains pensent que Facebook, Twitter et les autres réseaux sociaux seront incapables de correctement identifier les contenus erronés et faux, contre seulement 11% des participants démocrates.