Il y a les blockbusters. Ceux qui engrangent les milliards et créent des vedettes. Et il y a tout le reste. Ou, plutôt, il y a la vraie vie, celle qui raconte ce qui se passe dans les coulisses du monde du cinéma. Grâce à Clapboard Jungle, présenté dans le cadre du festival Fantasia, le cinéphile moyen a droit à un aperçu largement nouveau de ce qui se déroule réellement dans l’univers glamour du septième art.
Ce ne sont évidemment pas tous les films qui terminent leur course au grand écran, pour divertir une salle remplie de dizaines, voire de centaines de passionnés. La plupart des films n’ont même pas droit à une sortie dans les cinémas, se contentant de passer à la télévision, ou de finir sur les services de diffusion, quelque part en bas de classement. Ou même en format DVD ou Blu-ray, directement dans la pile des titres en rabais.
Et cette possibilité n’est même pas donnée à tous, bien entendu, puisqu’il faut d’abord que le film soit tourné, passe en postproduction, etc. Justin McConnell présente un fascinant – et quelque peu déprimant – documentaire sur l’industrie du cinéma, et plus spécifiquement le cinéma de genre.
Portant à bout de bras son projet de long métrage Lifechanger, qui verra finalement le jour en 2018, après plus d’une décennie de travaux, de démarches, d’errance et de remise en question, McConnell s’est filmé, au fil des ans, pour commenter sa « saga » cinématographique. Cumulant les tâches moins connues dans le milieu du cinéma, notamment comme monteur ou producteur, le Canadien a aussi rencontré quantité d’autres créateurs, y compris de grands noms, comme George Romero et Guillermo Del Toro, à qui il a demandé de se prononcer sur leur métier.
Comme le mentionne Clapboard Jungle, le milieu du cinéma est une course constante pour obtenir des promesses d’intérêt, du financement, l’engagement d’un ou plusieurs acteurs, des accords de distribution, etc. Bref, beaucoup, beaucoup de démarches méconnues avant même que la claquette ne résonne pour tourner la toute première scène.
On n’écoutera pas ce documentaire pour espérer un grand revirement de situation à mi-parcours. Comme les scandales l’ont démontré, le milieu du cinéma en est un d’influence, d’argent, de relations avec les « bonnes » personnes. Cela ne veut pas dire que les nouveaux venus dans le milieu n’ont aucune chance de percer, ou que les passionnés qui ont presque perdu espoir, après des années passées à travailler pour d’autres, ne pourront jamais réaliser leur projet fétiche. Cela signifie simplement que le cinéma est un univers exigeant, voire parfois cruel. Derrière le glamour de l’écran et de la salle sombre, il y a des dizaines de milliers de personnes comme Justin McConnell qui travaillent dans l’ombre.