Les trolls, les imbéciles et autres individus particulièrement déplaisants sur les réseaux sociaux ont-ils une responsabilité quant à l’impact de leurs messages haineux, mesquins, sexistes et autres? Avec quelques gags pour alléger l’atmosphère, le film The Columnist, présenté ici dans le cadre de l’édition 2020 du festival Fantasia, s’intéresse à la question.
Réalisé par Ivo van Aart, le long-métrage néerlandais, d’abord sorti l’an dernier, met en vedette l’actrice Katja Herbers dans le rôle de Femke Boot, une chroniqueuse dont les écrits ne laissent certainement pas indifférents. Qu’ils soient considérés comme insignifiants ou trop controversés, ses textes lui valent une si grande quantité d’insultes sur Twitter et Facebook qu’elle en perd la tête et décide d’assassiner froidement ceux qui lui envoient les pires injures et commentaires.
La haine sur les réseaux sociaux n’est pas chose nouvelle, et nombreuses sont les personnalités qui ont dû effacer leurs comptes en raison de gestes commis ou de déclarations incendiaires. Pour de bonnes ou de mauvaises raisons, en fait, puisque le phénomène se produit dans les deux « sens ». Et à l’aune du traitement de plus en plus réservé aux journalistes, notamment aux États-Unis, mais aussi ailleurs, dont au Québec, on peut se prendre au jeu, pendant quelques instants, et imaginer réserver un sort funeste aux pires des internautes mal embouchés.
Pourtant, puisque les journalistes (et les gens en général) ne sont habituellement des psychopathes, ces trolls ne finissent pas tous à la morgue. Heureusement, d’ailleurs! Car bien rapidement, le parcours de Femke Boot transforme la mère de famille en quelque chose d’autre. En un monstre, en fait; un monstre bien pire que ses détracteurs sur les réseaux sociaux. N’aurait-il pas simplement fallu bloquer les empêcheurs de publier en rond? Ou cesser de consulter ces réseaux qui créent volontairement une dépendance?
Bien entendu, en écoutant la raison, on passerait à côté de l’occasion de faire voler sang et viscères, et de transformer une columnist tout à fait ordinaire en tueuse en série. Pourtant, le film ne vient pas cocher les habituelles cases des longs-métrages présentés à Fantasia. Du moins, pas les « films Fantasia », où l’on se rend généralement en groupe pour hurler de rire ou applaudir devant le déversement d’hémoglobine. The Columnist ne fait pas prendre pour les « méchants », ceux qui déversent leur fiel en ligne, mais on n’éprouve pas non plus de sympathie pour Femke Boot.
Le titre fait réfléchir, donc. Sur la haine en ligne. Sur l’absence de contrôle de la part des réseaux sociaux. Sur le manque d’encadrement de certains médias. Sur la course aux clics. Sur toutes sortes de choses qui ne vont pas vraiment bien dans le monde du journalisme, et dans le monde des échanges en ligne.
Si ce n’était de certaines incongruités, The Columnist serait un excellent film. Il n’en reste pas moins que l’oeuvre est fort plaisante à regarder.