Des chercheurs de l’Université de Pennsylvanie ont découvert que certaines fourmis sauteuses indiennes ouvrières pouvaient devenir des reines si la reine présente dans leur nid venait à mourir. Leurs travaux ont été publiés dans Science Advances.
La plupart des fourmis vivent dans des colonies au sein desquelles les individus occupent des rôles clairement définis. Les fourmis ouvrières, par exemple, construisent des nids et les nettoient. Chaque colonie contient une reine qui pondra les oeufs afin de maintenir la population ou la faire croître.
De nouvelles colonies sont créées lorsque de nouvelles reines naissent et prennent leur envol, avec un groupe d’ouvrières. Dans le cadre de leurs nouveaux travaux de recherche, les scientifiques ont découvert qu’une espèce de fourmis, H. saltator, font les choses un peu différemment. En étudiant de près le comportement des fourmis dans leur nid, ils ont découvert que lorsque la reine meurt, plutôt que d’attendre la naissance d’une autre reine, une, voire plusieurs fourmis ouvrières effectuent une transition vers un rôle équivalent à celui d’une reine – une fourmi appelée gamergate – et commencent à pondre des oeufs.
Intrigués par cette transition, les scientifiques ont entamé une étude approfondie des garmegates, dans l’espoir d’apprendre comment celle-ci peut se produire. Ils ont découvert que les fourmis subissaient une autre transition: leur durée de vie augmente de façon dramatique, d’environ sept mois à près de trois ans. Encore plus intrigués, les chercheurs ont poussé plus avant leurs travaux et étudié le cerveau de ces fourmis spéciales.
Ils ont ainsi utilisé une technique de séquençage de l’acide ribonucléique, une composante essentielle que l’on retrouve chez quasiment tous les êtres vivants, pour comparer la distribution de deux types de cellules du cerveau de ces insectes, et ce avant et après leur transition. Les scientifiques ont constaté que les fourmis qui sont devenues des gamergates ont vu leur nombre d’une certaine cellule augmenter fortement. Ce changement a également semblé s’appliquer à la personnalité des fourmis. Les gamergates ont ainsi commencé à agir comme des reines.
Les chercheurs se sont ensuite demandé si ce même changement était aussi responsable du prolongement de la durée de vie. Ils ont ainsi endommagé les cerveaux de plusieurs fourmis, avant d’effectuer des tests pour déterminer ce qui s’était passé ensuite. En raison de cette blessure, les cerveaux des gamergates ont commencé à activer un gène, appelé Mmp1, de façon plus importante que chez les fourmis ouvrières traditionnelles, soit un signe que les gamergates pouvaient soigner des blessures au cerveau, et donc vivre plus longtemps.
D’autres changements cellulaires découverts par les chercheurs sont liés au vieillissement chez les fourmis.