Mariés depuis 20 ans, Maria et Richard ne vivent plus leur lune de miel depuis longtemps. La relation s’est détériorée à un tel point, en fait, que Maria (Chiara Mastroianni) trompe allègrement son mari (Benjamin Biolay). L’indiscrétion de trop risquera de tout faire capoter dans Chambre 212.
À l’affiche depuis quelques jours à Montréal, ce long-métrage, réalisé par Christophe Honoré, a déjà récolté quelques honneurs, notamment le prix de la meilleure actrice dans la catégorie Un Certain Regard, à l’édition 2019 du Festival de Cannes, ainsi que le César de la meilleure actrice, au cours de la déclinaison 2020 de cette célèbre remise de prix en France.
Le film aurait pu prendre la forme d’un drame romantique comme il s’en produit régulièrement des deux côtés de l’Atlantique, mais dont les Français semblent avoir le secret. Est-ce parce que les moeurs conjugales y sont plus libérées? Quoi qu’il en soit, cette histoire de femme trompant son mari a déjà été vue à de nombreuses reprises. Idem pour les discussions généralement déchirantes qui s’ensuivent, parfois dans de grands appartements remplis de livres, et dont les fenêtres donnent sur une rue passante de Paris. On n’échappe d’ailleurs pas aux clichés du genre, ici. Avec, bien entendu, la fameuse rue parisienne, le grand appartement, les bibliothèques bien garnies.
Ce qui change, toutefois, c’est ce qui ressemble fort à une mise en abyme de la part des deux personnages. Autant Maria que Richard se plongeront dans leur passé respectif, invoquant tour à tour des souvenirs pas toujours heureux. Et pour mieux illustrer ce qui s’est passé, ou ce qui aurait pu se passer, qui de mieux que des versions plus jeunes d’eux-mêmes? Ou encore des membres de la famille, disparus depuis belle lurette? Tout cela se mêle, s’entremêle et se démêle dans quelque chose qui ressemble pratiquement à un vaudeville, y compris avec la valse des amants de madame.
On rigole avec tout cela, bien sûr, mais la joute verbale ne tombe jamais dans le grossier, ou dans le superflu. Il s’agit plutôt d’un genre de huis clos avec quatre ou cinq personnages principaux, dont les idées et les discours se télescopent tout au long de la nuit. Entre hésitations, élans passionnels et remords, Chambre 212 nous fait revivre l’histoire de ce couple ordinaire et force à se poser la question: « Que se serait-il passé, si…? »
Film audacieux aux bons moments, légèrement plus convenu d’autres, Chambre 212 représente une nouvelle mouture de cette sempiternelle remise en question émotionnelle et amoureuse. Comme quoi il fait parfois bon de réveiller les fantômes du passé, et de laisser aller son imagination.