La tactique n’est plus dissimulée, mais clairement énoncée: selon le président américain sortant, Donald Trump, il n’est pas question de financer davantage le service postal américain, l’USPS, pour que celui-ci soit mieux équipé pour traiter les millions de bulletin de vote par correspondance qui devraient affluer lors de la présidentielle de novembre. Et selon une nouvelle enquête, la moitié des électeurs s’attend à éprouver des problèmes pour voter, le 3 novembre.
Dans une série de déclarations, jeudi, le président Trump a clairement identifié sa stratégie: traînant de l’arrière face à son adversaire Joe Biden, le chef de l’État affirme depuis des semaines que le vote postal, considéré comme alternative à de très longues files de gens susceptibles de contracter la COVID-19 pour voter en personne, est largement susceptible d’être ciblé par des fraudeurs, notamment de pays étrangers. Voilà pourquoi, dit-il, il ne faut pas financer davantage le service postal américain.
En fait, la demande des démocrates pour un financement supplémentaire destiné à l’USPS est notamment ce qui a fait échouer les négociations bipartisanes sur un nouveau plan d’aide financière, a soutenu M. Trump.
Après avoir nommé l’un de ses donateurs au poste de directeur général de l’UPSP, M. Trump a obtenu que ce nouveau patron de la poste impose de nouvelles procédures qui, de l’avis d’experts, vont largement retarder le tri des bulletins de vote. Pire encore, plusieurs médias ont ait état, jeudi, du retrait de plusieurs machines servant à trier le courrier. Ces même machines devraient normalement servir à traiter les bulletins de vote, dès le 3 novembre.
Parallèlement, une nouvelle enquête du Pew Research Center révèle que 49% des participants s’attendent à ce qu’il soit difficile de déposer son bulletin de vote dans l’urne, que ce soit en personne, au bureau de vote, ou selon une autre méthode, y compris par la poste. À l’opposé, la moitié des participants disent qu’il sera relativement facile d’effectuer leur devoir de citoyen, le 3 novembre.
Les électeurs qui appuient Donald Trump sont d’ailleurs largement plus persuadés que le processus électoral se déroulera sans anicroche et qu’ils pourront voter sans problème, comparativement aux partisans de Joe Biden, révèle le coup de sonde.
Aucune surprise, d’ailleurs, à constater que les participants au sondage qui sont d’allégeance républicaine envisagent plutôt de voter sur place (80%), alors que ceux qui se rangent du côté démocrate pensent se tourner vers le vote par correspondance (58%).
Et dans un contexte de pandémie sans précédent depuis un siècle, avec plus de 5 millions de malades et plus de 160 000 morts aux États-Unis des suites de la COVID-19, avec une crise économique ayant poussé des dizaines de millions d’Américains au chômage, et un nombre sensiblement égal au bord de l’expulsion, faute de pouvoir payer leur loyer, les électeurs sont plus que jamais convaincus que la présidentielle américaine sera essentielle: 83% des participants au sondage se trouvant sur les listes électorales affirment que l’identité du vainqueur de l’élection est « vraiment importante ».
Il y a quatre ans, cette proportion n’était que de 74%.
Et le coup de sonde du Pew Research Center révèle que Joe Biden dispose d’un avantage sur son adversaire, un avantage qui en dit aussi long sur l’impact de quatre années de présidence Trump que sur l’attrait du programme et de la personnalité du candidat démocrate: quelle est la principale raison pour laquelle les répondants pro-démocrates entendent voter pour M. Biden? À 56%, le fait « qu’il n’est pas Trump » est l’aspect le plus important de leur processus décisionnel.
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