On sait déjà que le pourcentage de décès de la COVID-19 est supérieur à celui de la grippe. Mais pour ceux qui trouveraient malgré tout que ce taux de mortalité est peu digne d’intérêt, qu’en est-il des impacts directs et à long terme de la maladie, qui la distinguent de la grippe saisonnière? Le Détecteur de rumeurs fait le point.
Un effet direct: la détresse respiratoire
Dans la majorité des cas, le virus SRAS-CoV-2, à l’origine de la COVID-19, ne cause qu’une forme légère de la maladie. Les plus chanceux sont débarrassés du virus après deux à trois semaines. Mais environ une personne sur cinq développe des symptômes graves qui peuvent la mener jusqu’aux soins intensifs. On pense notamment à la détresse respiratoire aigüe, liée à une réaction excessive du système immunitaire. Cette complication survenait parfois lors d’une infection au virus de l’influenza (la grippe), mais elle est beaucoup plus fréquente avec le coronavirus.
Au final, le taux de décès fluctue par région et par catégorie d’âge: plusieurs études pointent maintenant vers une fourchette oscillant entre 0,5 et 1%, ce qui demeure beaucoup plus élevé que pour la grippe.
Des effets à long terme plus nombreux
Mais même après l’hôpital, il y a des séquelles. Chez 5 à 10% des patients guéris de la COVID-19, la pente est difficile à remonter: ils traînent des symptômes parfois assez lourds pendant des semaines, voire des mois. Ces symptômes ne sont pas que respiratoires, comme les spécialistes le pensaient au début. Aujourd’hui, on sait que la maladie peut causer de la tachycardie, des douleurs musculaires et articulaires et de l’épuisement, plus de 60 jours après le début de la maladie.
Sont également évoqués des dommages neurologiques allant de simples difficultés cognitives, de la fatigue ou de la perte de goût ou d’odorat, jusqu’à des cas de céphalées, d’accident vasculaire cérébral et d’épilepsie. La BBC rapportait qu’à la fin-juin, on comptait déjà plus de 300 études sur ces anomalies neurologiques observées chez les patients atteints de Covid-19.
Les personnes aux prises avec des symptômes résiduels parlent désormais de leur réalité comme du « syndrome post COVID-19 ». Elles se retrouvent d’ailleurs par milliers dans des groupes de soutien en ligne. Comme on ne connaît ce virus que depuis sept mois, on ignore combien de temps durent ces contrecoups. Des études de suivi effectuées auprès de victimes de l’épidémie de SRAS, en 2002-2003, faisaient aussi état de séquelles durables, comme de l’épuisement, de la dépression et une perte de fonctions respiratoires.
En comparaison, les virus de l’influenza causent bien moins de dommages. Si diverses complications sont possibles, comme la pneumonie, celles-ci sont généralement de courte durée — moins de 2 semaines.
Même dans le cas de deux souches de grippes qui ont frappé l’imagination, le H1N1 en 2009 et le H7N9 en 2013, les séquelles à long terme semblent surtout respiratoires. Une étude portant sur 22 survivants d’une pneumonie grave consécutive à la grippe A (H1N1), concluait qu’un an après avoir quitté les soins intensifs, bien que tous aient retrouvé le gros de leurs fonctions pulmonaires, on notait des différences entre les patients intubés à un respirateur artificiel et ceux qui ne l’avaient pas été. Une étude similaire portant sur 37 survivants français notait une diminution mesurable de la capacité pulmonaire un an après être sortis des soins intensifs.
Constat similaire avec la grippe (A) H7N9, qui a frappé en Asie en 2013: une étude publiée en mars dernier évoque des dommages permanents à leurs poumons, une année après leur hospitalisation. ll faut toutefois se rappeler que l’échelle n’est pas la même: pour le H7N9, l’OMS recense officiellement 1500 cas confirmés en laboratoire entre 2013 et 2018, et quelque 650 décès. En comparaison, à la mi-août, la COVID-19 atteignait les 20 millions de cas officiellement rapportés aux quatre coins de la planète, et ce en seulement sept mois.
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