Produire un jeu vidéo est dispendieux. C’est sans doute ce qui explique que les studios prennent peu de risques de nos jours et se contentent de formules bien établies, mais le remake de Destroy All Humans! nous replonge à une époque où les développeurs n’avaient pas peur de miser sur des expériences différentes et inusitées.
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Incapables de se reproduire suite à la perte de leurs organes génitaux, les Furons, une race originaire du système Alpha du Centaure, doivent se cloner pour assurer leur continuité, mais leur ADN se dégrade de plus en plus. Il y a des centaines d’années, alors que l’utilisation de la technologie nucléaire ne les avait pas encore rendus stériles, des membres de cette espèce se sont accouplés avec des humains lors d’une visite particulièrement arrosée sur notre planète et depuis, les Terriens possèdent tous de l’ADN extraterrestre dans leurs gènes. Afin de prévenir leur extinction, les Furons décident donc de retourner sur Terre dans le but de récolter les troncs cérébraux des humains, même si cette procédure a la fâcheuse tendance de les tuer.
Destroy All Humans! nous met dans la peau de Crypto-137, un extraterrestre mal embouché sonnant comme un imitateur de Jack Nicholson, et dont la mission est d’asservir la Terre et ses habitants. L’invasion se déroule dans l’Amérique des années 1950, alors que la guerre froide bat son plein et que, à cause de la peur du communisme, Joe McCarthy était encore considéré comme un héros. En partant, les armes à notre disposition sont beaucoup plus originales (et drôles) que dans la moyenne des jeux de tir, ce qui procure beaucoup de plaisir. En plus d’une soucoupe volante et d’un jetpack permettant de voler sur de courtes distances, on dispose d’un rayon désintégrateur, d’un pistolet émettant un puissant faisceau électrique, d’un détonateur ionique créant une sphère à l’intérieur de laquelle tout est pulvérisé, ou encore d’une sonde anale, un gadget se passant de description.
Crypto possède aussi le don de la psychonésie, et peut soulever et projeter ses pauvres victimes en l’air. Il est très satisfaisant de semer le chaos sur notre passage, mais il faut toutefois faire attention, puisque plus notre niveau d’alerte est élevé, plus les ennemis envoyés pour nous neutraliser sont puissants, passant de simples policiers à des soldats, puis aux agents de Majestic, les fameux « hommes en noir ». Pour les missions nécessitant une approche plus discrète, on utilise le « Holobob », une technologie créant un hologramme humain autour de notre personne afin de passer inaperçu. Il est possible de lire les pensées des Terriens (et des vaches!) grâce au scan cortical, et avec la commande SUIVRE, on peut forcer une personne à se rendre d’elle-même à notre soucoupe, ou un ennemi armé à nous protéger.
Comprenant 25 missions (dont une inédite qui avait été retirée de la campagne à l’époque), Destroy All Humans! propose une expérience assez linéaire. Toutefois, cinq des régions où prend place l’action deviennent accessibles en mode « monde ouvert » une fois qu’on les a visitées. On peut donc y retourner pour récupérer des sondes et remplir différents défis, dont des courses, des enlèvements et des missions de carnage, et surtout, récolter davantage de troncs cérébraux, ce qui est fortement recommandé puisque l’ADN des humains est utilisé comme monnaie d’échange pour améliorer chacune de nos armes, ou les capacités de sa soucoupe volante, ce qui facilite grandement notre tâche lors des missions.
Bien que cette production date de 2005, les graphiques ont clairement été bonifiés dans cette version remasterisée, et le titre tourne maintenant dans une résolution HD de 1080p. Si les modèles 3D des personnages trahissent un peu leur âge, les environnements sont non seulement magnifiques, mais aussi destructibles. Destroy All Humans! puise dans l’esthétique des années 1950, avec sa soucoupe volante de série B, ses diners, ses cinéparcs, et sa musique aux sons ondulants joués sur un thérémine. Débordant d’humour, le jeu se moque avec brio des thèmes de l’époque, dont la guerre froide, l’Area 42 (au lieu de 51), ou l’écrasement de notre prédécesseur, Crypto-136, à Roswell au Nouveau-Mexique.
Il ne se fait malheureusement plus de jeux comme Destroy All Humans!, mais grâce à ce remake, il est possible de se replonger dans cette expérience aussi iconoclaste aujourd’hui qu’au moment de sa sortie, et le titre procure tellement de plaisir qu’on en vient à espérer que ses trois suites auront, elles aussi, droit à des versions remasterisées.
7.5/10
Destroy All Humans!
Développeur : Black Forest Games
Éditeur : THQ Nordic
Plateformes : PS4, Windows, Xbox One (testé sur Xbox One)
Jeu disponible en français (textes à l’écran seulement)